Compte rendu de la formation en agro écologie au sein du centre d’éducation et de formation émancipatrices Rijch’ariy en Bolivie
Travail préparatoire à la formation : information et conscientisation des communautés.

Après avoir visité chaque communauté de la subcentrale de Morado Kasa soit 12 communautés, l’équipe du centre de formation a présenté le projet à la « Centralia » de Tarabuco. Le centre a été bien accueilli et écouté avec intérêt. Des feuilles d’inscription ont été distribuées pour chaque subcentrale qui pouvait inscrire jusqu’à 3 participants. Malgré ces efforts, seulement 1 personne issue d’une de 9 autres subcentrales de la municipalité s’est inscrite. Il semble que la communication du syndicat qui regroupe les 10 subcentrales vers les communautés reste difficile… L’information se perd en cours de route, les représentants ne communiquent pas les infos vers la base.

Contrat AOPEB.

C’est l’AOPEP l’Association de l’Organisation des Producteurs Ecologique de Bolivie qui a aidé à formuler le projet de formation présenté à Partages sans Frontières 
Un contrat a été établi avec l’AOPEP.
C’est Sara Medinaceli, ingénieur agronome, qui fut la responsable de la formation.

Participants.

Les participants ont tardé à s’inscrire malgré nos différentes démarches auprès des communautés de la subcentrale et de la centrale provinciale et de la radio Aclo… Nous avions 19 inscrits, c’est finalement 17 jeunes et adultes de 7 communautés qui ont participé
Suivi des parcelles et des participants.
Le centre de formation a recruté un étudiant de la faculté d’agronomie de Sucre pour réaliser le suivi des parcelles des participants. Il avait une moto qui lui a servi pour aller dans les différentes communautés. Une jeune française qui terminait son master en Bolivie a collaboré à la formation et au suivi dans les communautés ; elle a ainsi pu en faire son mémoire de fin de fin d’études.
La formation Agro Écologie :
1er atelier (du 5 au 8 septembre) : chaque thème a fait l’objet d’apports théoriques, d’ateliers de réflexion en groupe, de jeux pédagogiques et de séances pratiques.
Formateurs : Sara Medinaceli + Yasminta…
Sensibilisation sur les différents types d’agriculture, la souveraineté alimentaire et l’alimentation.
Sol : composition du sol, préparation et conservation du sol
Planification des semis des plantes potagères et implantation de 3 parcelles expérimentales au sein du potager du centre Rijch´ariy.
Fertilisants naturels : préparation de 2 fertilisants pour le sol (compost et bocachi) + 2 fertilisants foliaires (biol et thé de fumier)
Développement personnel : Les valeurs
En fin d’atelier, les participants ont reçu des semences potagères. Ils s’engagèrent à les semer au sein de leurs propres parcelles productives. Les étudiants du collège se sont engagés à faire un potager au sein de leur école, en coordination avec la professeur.
Suivi des parcelles et des participants : Coline et José-Luis, les 2 étudiants recruteront visité les parcelles de chaque promoteur au cours de trois journées de terrain (les 22, 23 et 25 septembre). Ils ont questionné les participants pour établir un diagnostic initial de leurs parcelles et de leurs pratiques et ont contrôlé la mise en pratique effective des apprentissages du premier module (fabrication de fertilisants naturels). Il reste encore beaucoup à faire pour que les participants s’approprient leur fonction de promoteurs. La dynamique est lancée pour environ la moitié des participants. Un suivi étroit est indispensable pour que le projet fonctionne.
Démonstration dans les communautés. Le centre Rijch’ariy et les promoteurs agroécologiques en formation ont organisé des démonstrations au sein de chaque communauté. Les promoteurs, appuyés par les deux étudiants chargés du suivi et de l’accompagnement, ont montré aux habitants comment fabriquer des fertilisants et insecticides naturels.
Une démonstration a également été organisée au sein du Collège de Cororo, en présence d’une vingtaine d’élèves de différentes classes et d’enseignants.

L’exercice s’est plutôt bien déroulé et a permis aux participants d’endosser leur rôle de promoteurs.

Les démonstrations ont réuni entre 5 et 15 participants par communauté et ont suscité de nombreux échanges. Cela a également permis de recruter de nouveaux participants.

Toutefois une démonstration a dû être annulée, car le participant n’avait rien préparé. Une visite a été reportée pour cause de logistique (impossible de trouver les clefs de l’école qui devait accueillir la démonstration).

Les deux participants qui ont réuni le plus de monde ont été récompensés par un prix (matériel pour fabriquer des insecticides naturels).
2e atelier (du 3 au 6 octobre) :

Formateurs : Sara Medinaceli (nous avons dû rappeler à l’AOPEB que nous payions pour 2 formateurs afin qu’à l’avenir ils tiennent bien leur engagement…)
Diagnostique des semis effectués au 1er atelier (des problèmes sont observés, dû au fait que les participants ne sont pas venus arroser fréquemment les parcelles au cours du mois…)
Eau : les ressources en eau (intervenant extérieur), la récolte de l’eau et installation de gouttières pour en faire un réservoir d’eau de pluie.
Maladies et ravageurs : Connaissance des principes de la lutte naturelle et élaboration de 4 préparations contre les maladies et ravageurs (Repelente picante, karate natural, caldo bordeles, caldo sulfocalicico).
Semis des grandes cultures : les tubercules (pomme de terre, oca), céréales (blé, avoine, maïs, amarante), et légumineuses (pois, fèves, haricots) sont semés en association de culture au sein du centre Rijch´ariy. Le bocachi et le fumier préparés lors du premier module sont appliqués sur la parcelle.
Visites des parcelles des participants : les parcelles productives des participants de Morado K´asa + la parcelle du collège ont été visitées pour vérifier la mise en pratique effective des apprentissages du 1er atelier et animer un échange entre pairs.
Développement personnel : Valeurs et Estime de soi
En fin d’atelier, les participants sont partis avec 2 litres de chacune des préparations élaborés au cours du module.
Suivi et accompagnement des participants.
Coline et José-Luis, les 2 étudiants recrutés, ont visité les parcelles de quelques promoteurs au cours de deux jours de terrain (13 et 14 décembre). Une partie des participants, absents le jour J ont pu être visités plus tard. Coline et José-Luis ont établi le diagnostic, contrôlé la mise en application effective des apprentissages, questionnés sur les difficultés rencontrées, et réalisé une enquête socio-économique sur les familles participantes.

3e module de formation : 7-10 novembre

Formateurs : Sara Medinaceli + Fabiana Paz
Évaluation des parcelles expérimentales au sein du potager du centre Rijch’ariy.
Lutte naturelle contre les maladies et ravageurs : contrôles mécaniques, bio-indicateurs, application des bio-insecticides élaborés au cours du module 2.
Eau et irrigation : Optimisation de l’utilisation de la ressource en eau en agriculture, installation d’un système de micro-irrigation (goutte à goutte + réservoirs d’eau) au sein du centre Rijch’ariy.
Association de producteurs : principe de l’associativité, organisation de groupes de producteurs
Visites des parcelles des participants : les parcelles productives des participants des communautés de Fishuyuy, Vila Vila et Surima Grande sont visitées pour vérifier la mise en pratique effective des apprentissages, animer l’entraide et l’échange entre pairs.
Visite du centre d’éducation alternatif CFIR VERA (Yotala) : production de biofertilisants, lombric-compostage, culture maraîchère biologique, culture sous serre, semis en pépinière et transplants, optimisation des ressources naturelles.
Visite du Centre Juvénile écologique (Cajamarca) : reboisement et microclimat, thème de l’arbre en agriculture, culture verticale, complémentarité élevage-culture.

4e module de formation : 5-7 novembre

Formateurs : Sara Medinaceli + Fabiana Paz
Évaluation des parcelles expérimentales au sein du potager du centre Rijch’ariy.
Travail du sol : nutrition du sol et des cultures, irrigation, transplants, mise en place des tuteurs, taille, contrôle des mauvaises herbes et des maladies.
Semences : types de semences, production et conservation des semences.
Calcul de production : estimation et évaluation de la production, calcul des coûts de production, des coûts de vente et de la rentabilité.
Leadership : types de leadership, qualité d’un leader paysan, gestion des ressources humaines.
Le 5e et dernier module de formation s’est déroulé du 23 au 27 janvier, avec au programme : les systèmes de certification de la production (SPG, SIC et certification par un tiers), la transformation et la commercialisation des produits agricoles, la visite des parcelles productives des participants, une nouvelle journée de visite du CFIR VERA avec un atelier de mise en pratique, la distribution des certificats des Promoteurs agroécologiques et des « chalecos » (vestes confectionnées par les participants à la formation couture)
Aménagement et production agricole du centre Rijch’ariy.

Le potager du centre est riche d’une grande variété de plantes maraîchères : tomates, concombres, poivrons, choux, choux-fleurs, brocolis, radis, carottes, laitue, piments, haricots verts, navets, betteraves, persil, oignons, bette-cardes, courges. Les parcelles agricoles associent quant à elles : petit pois, haricot rouge, fève, maïs, blé, orge, amarante, oka et pomme de terre.

Le centre s’est doté d’un système de micro-irrigation (goutte à goutte + réservoir d’eau de 1200 litres) et à aménager un réservoir d’eau d’une capacité de 5000 litres. Ce dernier (sous terre) pourra être utilisé à l’aide d’une pompe (achat prévu dans le cadre du financement UNITAS). Des gouttières vont être prochainement installées pour récupérer d’avantage d’eau de pluie et la diriger vers les collecteurs d’eau.
Achat de matériel.
Le système de micro irrigation du centre a été acheté, ainsi qu’un réservoir d’eau de 1200 litres.
À la demande de 10 participants de la formation, 10 bidons avec fermeture hermétique ont été achetés. Ces bidons ont servi à la production de biol (fertilisants foliaires). Les participants ont contribué à hauteur de 50 % du prix des bidons.
Collecteurs d’eau. Des travaux ont été engagés pour installer une plateforme à 2m50 de hauteur pour accueillir le réservoir d’eau de 1200 litres. Cette installation permettra l’alimentation du système de micro-irrigation du centre. Il est également prévu de cimenter le « trou » situé à côté des toilettes pour en faire un réservoir d’eau (capacité de 2m3).
Les outils didactiques stimulent la créativité individuelle et collective, libèrent la réflexion et facilite l’assimilation
Les brochures éducatives conçues par le centre de formation ont facilité l’appropriation de la théorie et des concepts.
Durant la formation ont eu lieu des échanges d’expériences entre pairs, de paysans à paysans,
Les expositions de produits permettent l’échange d’expériences et élargissent la vision.
Développement personnel et formation au leadership

Le développement personnel et le leadership de chaque participant est de grande importance.

Lors de la réalisation de modules de formation, les animations ont été faites sur :

  • Les valeurs
  • l’identité et la connaissance de soi,
  • le leadership,
  • la gestion des conflits,
  • la prise de décisions,
  • l’estime de soi et l’interculturalité, 
  • droits et devoirs du citoyen,
  • la réalité nationale et situation actuelle

CONCLUSION

L’interaction directe entre les producteurs et les facilitateurs a contribué à l’identification des problèmes et des besoins de chaque communauté. Cela a permis d’aborder à la fois des problématiques sociales, économiques, écologiques et politiques. La transition entre l’agriculture conventionnelle et le modèle de production agro écologique est un processus très lent en raison de la mentalité des producteurs préoccupée par le gain et très peu par la conservation de l’environnement et la justice sociale. L’agro écologie convient particulièrement aux petits paysans pauvres, car elle est à la fois peu exigeante en capital, intensive en main d’œuvre et à haute valeur ajoutée.

Les producteurs acceptent les propositions de l’innovation de la production écologique, mais un suivi permanent de proximité est nécessaire si l’on veut que ce modèle agricole prenne de l’ampleur et bénéficie à l’ensemble des petits producteurs de la zone.