MADAGASCAR : UNE ILE AUX MILLE COULEURS

Carte Madagascar

Repères
Superficie : 587 040 km2
Population : 19 683 359 habitatns (2007)
Capitale officielle : Antananarivo (Tananarive)
Langues principales : malgache, français
Régime : Présidentiel
Président : Marc Ravalomanana
PIB par habitant : ($) : 923
Mortalité infantile :‰ : 65,5
Espérance de vie : hommes 55 ans, femmes 60 ans (en 2005)
Population urbaine : 27 %
IDH : 0,509
Croissance économique : 5,6 % en 2007
Analphabétisme hommes : 23,5 %
Analphabétisme femmes : 34,7 %
Fécondité : 5,7 enfants/femme en 2005
Source (repères) : état du monde 2008

Géographie
Située dans l’océan indien, Madagascar est la cinquième île du monde. La Grande île s’étire sur 1580 Km du Nord au sud et 500 Km dans le sens est-ouest. Elle a pour voisines les Comores, la Réunion, puis Maurice et les Seychelles. Une chaîne montagneuse parsemée de massifs coupe la Grande Ile dans le sens nord-sud à une altitude moyenne de 1200 à 1500 mètres (les Hautes Terres représentent 70 % de la superficie du pays). La région nord, volcanique, est isolée par le massif le plus élevé de l’île (où culmine le Tsaratanana de 2876 m).

Population
Peuple aux origines différentes (indonésienne et africaine), la population malgache est composée de 18 groupes ethniques (ou socio-ethniques) très divers : Betsimisaraka, Antemore, (côté est), Mahafaly, Antandroy, (sud), Sakalava, Antankarana, Tsimihety (ouest et nord), Betsileo, Tanala (hautes terres) ou Merina, groupe qui représente plus du quart de la population et a marqué l’histoire de l’île par son hégémonie. La population étrangère correspond à 8 % de la population globale représentée principalement par les Comoriens, les Indiens (appelés "Karana"), les Français (environ 20 000 personnes) et les Chinois. Les relations sociales sont complexes dans cette société historiquement basée sur des castes.
Selon le PNUD, l’espérance de vie à la naissance est de 55,6 ans. 61 % de la population vit avec moins d'un dollar par jour (moyenne 90/04) et 85 % avec moins de 2 $. La moitié de la population n’a pas d’accès privé à un point d’eau aménagé.

Religion
La religion chrétienne est la plus pratiquée et la plus influente, mais la croyance dans les ancêtres a une fonction centrale, quelque soit la religion pratiquée, car ils représentent  les racines de la vie, l’origine du peuple, les fondements de la famille. Les fady (interdits) tiennent une place importante auprès des Malgaches. Ils peuvent concerner une famille, un village ou une ethnie entière.

Education
La population est jeune (44,2 % a moins de 15 ans). La plupart des enfants en âge d'être scolarisés en primaire vont à l'école.
Si le taux net de scolarisation dans le primaire est relativement élevé - 89 % - (donnée du PNUD), moins de la moitié des élèves achève le cycle entier. Il est courant de redoubler et les élèves mettent sept années en moyenne pour terminer les cinq niveaux de ce cycle. Le taux en secondaire est particulièrement faible –11 %. Plus d'un enfant sur cinq (âgés de 5 à 14 ans) travaille, souvent dans des conditions dangereuses (mines…).

Economie
Après 25 ans de stagnation et d’appauvrissement, l’insécurité alimentaire et la malnutrition sont chroniques dans certaines régions. Madagascar a connu à la fin des années 90 une croissance forte, tirée par les exportations de la Zone Franche (le textile devenant le premier secteur d’exportation), mais qui ne s’est pas traduite par une amélioration sensible du niveau de vie. En paralysant l’activité, la crise de 2002 a provoqué une importante récession.
Cependant les autorités malgaches ont bénéficié d’un soutien financier massif de la part des bailleurs de fond (APD 2004 : 1 235,8 millions $, soit 28,3 % du PIB). Cela leur a permis de conduire une politique de grands investissements publics dans les domaines prioritaires comme l’infrastructure routière ou l’éducation, ce qui a dynamisé la croissance (+ 9,6 % en 2003, + 5,3 % en 2004 et 4,6 % en 2005).
La fin de l’accord Multifibres (AMF) en 2004, a fragilisé l’industrie textile face à la concurrence chinoise et a provoqué plus de 5000 licenciements dans ce secteur.
Le gouvernement, suivant les recommandations du FMI, a limité le déficit budgétaire et contenu l’inflation. Mais le taux de pression fiscale reste relativement bas (moins de 10 % en 2005) et les moyens de l’état seraient faibles sans l’aide extérieure. Les efforts de réforme, de développement social et de stabilisation macro-économique ont permis à Madagascar de franchir le « point d’achèvement » de l’initiative PPTE (pays pauvres très endettés) en octobre 2004 et d’obtenir des annulations substantielles de sa dette extérieure (3,4 milliards de dollars sur 4,5 au total). En juillet 2006, Madagascar a signé une nouvelle FRPC (facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance) avec le FMI.
Aujourd’hui, le premier partenaire économique de Madagascar est la France (le premier client à égalité avec les Etats-Unis, et le premier fournisseur devant la Chine), le premier investisseur (plus de la moitié du stock d’investissement étranger direct, avec près de 600 entreprises à capitaux français employant environ 100 000 salariés), et le premier bailleur bilatéral.
Le PIB et l’aide publique au développement par habitant se montent respectivement à 241 $ (857 $ en PPA) et 68,2 $. La part de revenu des 10 % les plus riches représente  36,6 % des revenus totaux.
Le PIB a progressé de 4,6 % en 2005. L’emploi dans le secteur informel constitue près de 57 % de l’emploi urbain total. Les zones franches avec 115 000 emplois en 2004 pourvoient à 40 % de l’emploi dans le secteur secondaire.

La République malgache  (1959-…)

Sous la présidence de Philibert Tsiranana (1959-1972), les Français continuent à exercer un contrôle direct sur l’administration et l’armée de la nouvelle république, ainsi que sur les activités économiques et la vie culturelle. En 1972 cependant, la révolte des étudiants, massivement appuyée par les lycéens et le monde ouvrier de la province de Tananarive aboutit à la chute du régime.
En juin 1975 enfin, au terme d’une instabilité de plusieurs mois, une conjuration militaire place à la tête de l’état le capitaine de corvette Didier Ratsiraka, qui avait en charge le ministère des Affaires Etrangères sous le gouvernement de Ramanantsoa.
Dès son accès au pouvoir, Ratsiraka proclame sa volonté d’instaurer un régime « révolutionnaire », proche du « bloc socialiste », sous l’égide d’une Deuxième République. De nombreux secteurs de l’économie sont ainsi nationalisés et un parti unique, l’AREMA (Avant-garde de la révolution Malgache) domine toute la vie politique. Découragés, les investisseurs se retirent, entraînant une dégradation rapide de l’activité économique et une aggravation de la paupérisation. Des troubles, chaque fois durement réprimés, éclatent alors un peu partout, achevant de démoraliser la population.
En février 1993, sous l’impulsion du mouvement Hery Velona (Forces Vives), l’opposition au régime réussit à faire tomber Ratsiraka. Le nouveau président, Albert Zafy, procède aussitôt à la libéralisation de toutes les institutions dans le cadre d’une Troisième République. Mais la situation, au lieu de s’améliorer, se dégrade davantage encore. Les investisseurs boudent Madagascar, d'autant que le pouvoir lui-même est paralysé par les intrigues entre les clans rivaux dominant le Parlement, sur fond de corruption généralisée. Tout cela aboutit à la destitution de Zafy par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) le 5 septembre 1996.
La nouvelle élection présidentielle qui se termine le 31 janvier 1997 consacre le retour de Didier Ratsiraka au pouvoir pour cinq ans. En 1998, celui-ci organise un référendum renforçant le pouvoir présidentiel tout en procédant à la mise en place des « provinces autonomes » qui demeurent en fait sous son contrôle direct.
Au terme de son mandat, Ratsiraka perd l'élection présidentielle  fin 2001, au profit de Marc Ravalomanana. Après un bras de fer de plusieurs mois, Didier Ratsiraka quitte l’Ile en 2002 avec les barons de l'ancien régime et se réfugie en France. Marc Ravalomanana est réélu le 3 décembre 2006 au premier tour avec la majorité absolue devant 13 autres prétendants. Il appelle de nouveau les Malgaches aux urnes pour le 4 avril 2007 pour un référendum qui a pour objet principal la suppression des six «provinces autonomes » et l'instauration des «régions » au nombre de 22.
En juillet, l’Assemblée nationale est dissoute ; les élections législatives du 23 septembre voient le triomphe du TIM « tiako I Madagasikara », parti présidentiel.


Madagascar et le monde
À l’occasion de la crise électorale de 2002, l’intervention d’acteurs internationaux a montré qu’en dépit de sa position marginale dans le jeu politique international, Madagascar est entré de plain-pied dans la globalisation. Trois types d’interventions ont eu lieu : la médiation par O.U.A. (Organisation de l’Unité Africaine), le soutien ouvert à l'une des parties (l’Algérie est intervenue pour soutenir le clan Ratsiraka) et la France qui a préféré attendre de voir dans quel sens « le vent tournait », une vraie realpolitik.
La diplomatie malgache donne aujourd’hui la priorité aux bonnes relations avec les bailleurs de fonds (Banque mondiale, FMI et bailleurs bilatéraux) malgré la menace de se retirer du FMI proférée en juillet 2007. Elle cherche une meilleure intégration régionale avec l’adhésion à la COI (Commission de l’Océan Indien) en 1982/84, au COMESA (Marché commun d’Afrique orientale et australe) en 1993, à l’IOR-ARC (Indian Ocean Rim Association for Regional Cooperation) en 1996, à la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) en 2005, et le développement de relations commerciales et de coopération avec l’Asie. Le Président Ravalomanana cherche aussi à ouvrir davantage l’île sur l’extérieur et promeut la recherche de nouveaux partenaires économiques.
Ainsi par exemple, en échange d'accords économiques avec le Maroc, Madagascar a accepté de geler sa reconnaissance de la République Sahraouie (Sahara occidental).

Madagascar et la France
Les relations franco-malgaches sont sans doute les plus anciennes que la Grande Ile ait eues avec une puissance étrangère. La France, qui a occupé Madagascar de 1883 à 1960, accueille une forte communauté malgache et plus de 20 000 Français sont établis dans l’île.
La France aurait pu avoir plus de poids dans la résolution de la crise malgache si elle l’avait souhaité. Mais elle s’est retranchée derrière son appartenance à l’Union Européenne pour préconiser une médiation africaine. Plus prosaïquement, la France sortait d’une période électorale et la crise ivoirienne battait son plein.
Pour beaucoup, cependant, la France soutenait Ratsiraka et ce dernier pensait pouvoir profiter des réseaux de la Françafrique pour s’accrocher au pouvoir.
Toutefois, la volonté diplomatique française et européenne de privilégier la médiation africaine, malgré de nombreux cafouillages, a introduit une dimension nouvelle dans le rôle des acteurs extérieurs à Madagascar.

Marc Ravalomanana : une présidence «libérale » ?

Né en décembre 1949, Marc Ravalomanana est issu du groupe ethnique Merina.
 Formé dans une école protestante, il est aujourd’hui le vice-président du Bureau national du FJKM (l’Eglise de Jésus Christ de Madagascar), membre influent de la puissante Conférence des Eglises chrétiennes de Madagascar (FFKM) qui a joué un grand rôle d’opposant sous les précédents régimes.
À 33 ans, avec l’aide d’un prêt de la Banque Mondiale, il crée TIKO, une entreprise de produits laitiers. Il profite alors d’une niche qui n’était exploitée qu’artisanalement. En 2000, TIKO représentait 5 000 emplois directs et plus de 100 000 indirects. L’histoire de l’entreprise est marquée d’une sorte de nationalisme « caractéristique d’une bourgeoisie nationale » qui a réussi sur le marché national et qui souhaite s’étendre en Afrique orientale et australe.
C’est sans doute dans les années 1990 que l’idée de s’engager en politique a émergé pour M. Ravalomanana. Celui-ci se crée un réseau hors du monde politique traditionnel. De fait, il apparaît comme un homme nouveau. Il est élu maire d’Antananarivo en décembre 1999.
Le nouveau maire s’attache à appliquer les méthodes de gestion de son entreprise aux affaires de la cité. En deux ans, il obtient de nombreux résultats visibles (voiries, gestion des déchets…).
Fort de son expérience municipale, il annonce sa candidature aux élections présidentielles. L’opposition traditionnelle étant incapable de s’accorder sur un candidat commun, Marc Ravalomanana va voir progressivement celle-ci se rallier à lui.
Sa vision politique, c’est sa « success-story ». Ses communicants invitent les électeurs à imaginer qu’avec ce candidat, Madagascar connaîtrait le même sort que TIKO. L’engouement populaire est rapide.
Sorti victorieux de la crise de 2002 (cf. La République malgache), il va peu à peu écarter ses anciens alliés. Ceux-ci se tournent vers l’opposition, renforçant ainsi le morcellement de cette derniere. Pour beaucoup de Malgaches, le président chef d’entreprise s’est plutôt servi de l’état pour faire prospérer ses propres affaires plutôt que d’améliorer le sort de ses concitoyens, mais en 2006, il est réélu en dépit de ce bilan mitigé.
Le parti présidentiel domine la vie politique malgré les luttes intestines internes. En 2007, un jeune entrepreneur remporte les élections municipales dans la capitale au détriment du candidat du parti présidentiel.
La démocratie formelle progresse donc un peu. Quant au niveau de vie moyen, en ville comme à la campagne, il n’a guère progressé.