Céline DOMENGIE

née en 1976, à Villeneuve sur Lot, France.celinedomengie@hotmail.com

Travaux personnels

Pénélope
Photographies, Mai 2006, Panama.
Colon Vive
Diaporama: Septembre 2005, Alliance Française de Panama, Panama.
Exposition: 30 Mai - 21 Juin 2006, Musée de la Baterie Morgan, Colon, Panama.
Table ronde: Juin 2006, Bibliothèque nationale de Panama, Panama
Besos Robados.
Diaporama: Fevrier 2006, Galerie de El hombre de la Mancha, ville de Panama, Panama.
A Lier...
Installation in situ: Mars 2005 - Octobre 2006, ZAC Centre ville de Mérignac, France.

Travaux collectifs

Patrimonio Humano
Installation in situ, 25 Janvier - 20 Mars 2006, Casco Viejo, Panama.
Domaine Arboricole: dégustation d'un paysage d'automne
Installation, Galerie A Suivre... Octobre 2005, Bordeaux, France.

Publications
Du rouge par ci, Danse Collante, Photographies, Editions Dans le Bain, France.
Colon, Photographies, Blank revista, Panama.

 

Concours
"Calicot: valorisation des espaces en construction" , lauréat du concours "Défi Jeune", Ministère de la Jeunesse et des Sports, Octobre 2004.

 

Pour décrire mon travail “Pénélope, tissage et processus de construction.”

Le chantier de construction est un espace éphémère qui disparait quand l'ouvrage est terminé. Avec son achèvement il n'existe plus. La construction est l'ombre du futur édifice, une hombre honteuse que l'on cache par des paneaux publicitaires, comme si ici, entre le gris de l'acier et l'orange des casques des ouvriers, la beauté et le rêve n'avait pas lieu d'être.

Tous ces contrastes, ces matériaux, ces jeux de lignes me fascinent: disciner le squelette pour comprendre l'édifice. Pourrait-on construire un immeuble sans structure? Pourrait-on donner naissance à une oeuvre sans un processus préalablement défini?
La notion de processus est à la base de ce qui défini l'Homme lorsqu'il engage son imagination et son savoir-faire. C'est à partir de ce constat que repose mon travail sur les chantiers de construction.

Quand j'habitais à Panama, mon amie archtitecte Lita Arias m'a parlé de l'éxistence des "renforceurs",  ouvriers, mais surtout artisans de la construction. Je suis donc allé les rencontrer à Punta Pacifica et à Costa del Este où l'investissement immobilier est très intense, ainsi qu'à Bella Vista puisque j'habitais tout près, dans le quartier de Perejil. Eux-même, m'ont expliqué que leur solde est la plus élevé à l'intérieur de la hiérarchie de la main d'oeuvre, est-ce dire leur importance.
Chaque chantier possède son propre atelier de "renforceurs", édifié de manière informelle, protégé du soleil et des averses par un simple toit de tôle. C'est ici qu'on fabrique l'ossature d'acier, qui une fois terminée, sera élevée par une grue jusqu'à l'étage en construction. Là-haut on la fixera au plan horizontal on l'enveloppera d'un moule en bois dans lequel on versera le ciment auquel il donnera sa forme finale de mur ou de colone. Quand on retire ce coffrage, le ciment conservera la forme désirée ainsi que la résistance escomptée grace à l'ossature réalisée par les "renforceurs".

Pour réaliser ce squelette on utilise aucune machine, toute la cohérence de cette grille d'acier est faite à la main. Le travail de "renforceurs" est très spécifique. Ils sont chargés de faire des petits noeuds de fil de fer qui assemblent les tiges d'acier en fonction de la forme dessinéee par l'ingénieur de la structure et d'après le plan de l'architecte.
Comme il y a plusieurs tailles de tiges et différentes formes de squelettes, il y a différents types de noeuds. Une véritable typologie, un lexique de formes né d'un savoir-faire qu'aucune école n'enseigne puisque la transmission se passe ici dans l'atelier grâce à l'expérience des plus anciens.
Les gestes enseignent l'amour de la matière et les mots transmettent l'artisanat, en effet, ils m'ont donné les noms de différents types de noeuds, fruits de l'imagination d'anciens renforceurs.
J'imagine que les noms ont été choisi par analogie visuelle ou formelle: la chaise, la simple, l'orque, le huit... Comme une poétique improvisée, car selon les équipes de travail, une chaise peut s'appeler une bouche, une simple peut-être une américaine.

La grille formée par ces noeuds est très fine, il y a parfois un noeud tous les dix centimètres. Tisser cette maille prend du temps, comme un travail d'aiguille, là j'ai senti que ce lieu éminemment masculin possédait sa part de féminité.
Féminin non seulement pour sa subtilité mais aussi pour la patience nécessaire. Cela m'a rappelé Pénélope, le mythe raconte que cette femme, épouse d'Ulysse, dû trouver une astuce pour rester fidèle à son mari. En effet, durant le long voyage d'Ulysse, environ vingt ans, Pénélope représentait un  bon parti pour les nombreux prétendants qui gravitaient autour de son palais. Aussi pour éviter de choisir un nouveau mariage, elle trouva l'excuse de devoir achever de tisser un suaire qu'elle dé-tissait la nuit.
De la même manière, le tissage de métal des "renforceurs" est un suaire sans fin qui ne s'interrompt jamais, puisqu'il va d'un chantier à l'autre en restant dans l'ombre.
Depuis l'extérieur des chantiers de construction, on ne peut deviner un travail aussi subtil, parce que nous vivons dans un monde qui a oublié comment se fabriquent les choses..