Éditorial
Contestations
L’actualité internationale secouée par les revirements trumpiens, les ambitions guerrières d’un Poutine, l’instabilité politique française, les catastrophes climatiques ont mis à l’arrière-plan les soubresauts, révoltes et contestations qui agitent différents pays. Les vieux potentats s’accrochent coûte que coûte à leur pouvoir en muselant toute forme d’opposition et en trafiquant les résultats des élections. Au Cameroun, le nonagénaire Paul Biya au pouvoir depuis plus de 45 ans rempile pour un cinquième mandat.. En Côte d’Ivoire, le président sortant Alassane Ouattara (83 ans) remporte 89,7 % des voix au 1er tour des présidentielles pour son 4e mandat…
Nos partenaires ne sont pas épargnés non plus par ces troubles. La présidente du Pérou par intérim Dina Boluarte a été destituée par le parlement dans un pays qui a vu passer cinq présidents de la République en… cinq ans ! Pendant ce temps, l’insécurité s’accroît, obligeant les équipes de Taller de los Niños à redoubler de prudence et de discrétion pour intervenir dans différents secteurs des bidonvilles de Lima et à mettre en place différentes stratégies pour ne pas être victimes de cette recrudescence de violence.
La Bolivie vient d’amener au pouvoir un candidat de droite, Rodrigo Paz qui vient d’être élu. Mais les préoccupations des Boliviens sont tout autres, plutôt liées à une survie quotidienne et à un espoir de changement jusqu’à maintenant bien illusoire avec en toile de fond le narcotrafic.
Selon les données de l’UNICEF, Madagascar, avec ses 29,6 millions d’habitants, compte environ 50 % d’enfants de moins de 18 ans et 20,9 millions de jeunes de moins de 30 ans. Les jeunes de moins de 24 ans représentent 65 % de la population.
La jeunesse est souvent laissée pour compte par des régimes corrompus, à tendance autoritaire, qui s’accrochent au pouvoir. Informée par les réseaux sociaux sur ce qui se passe ailleurs, elle ne se berce plus d’illusions et réclame ses droits. Diplômée et formée, elle entend trouver un travail à la mesure de ses compétences pour rendre un avenir possible.
À l’instar d’autres pays comme le Maroc, les jeunes de la Gén Z n’entendent plus se laisser dicter leur conduite et défilent dans les rues, défiant le pouvoir en place. Après des manifestations durement réprimées qui ont abouti à la fuite du président Rajoelina lui-même arrivé au pouvoir après avoir renversé le président en place. Cette protestation populaire risque cependant d’être récupérée ou tout du moins instrumentalisée par la reprise en main militaire avec la nomination d’un président par intérim le colonel Randrianirina qui s’est doté d’un Premier ministre Rajaonarivelo, économiste de formation, banquier et chef d’entreprise. Jugé proche de l’ancien pouvoir, il suscite un certain scepticisme et se trouve sous la surveillance attentive de la jeunesse.
Népotisme et corruption sont les maîtres mots de ces véritables dynasties familiales qui s’enrichissent outrageusement et placent leurs avoirs à l’étranger tandis que leur pays s’enfonce dans la pauvreté. Les services publics sont exsangues, les infrastructures à bout de souffle, les routes non entretenues, le système de santé inexistant. Les écoles en très mauvais état, sous-dimensionnées, manquent de personnel qualifié qui ne veut pas s’exiler dans la campagne.
La société civile par son engagement tous azimuts essaie de pallier ces défaillances d’État en s’investissant dans l’éducation et le soin. Depuis des années, par l’intermédiaire des « Enfants de Madagascar », nous participons à la construction de salles de classe ou à leur rénovation. Avec les sœurs Jeanne Delanoue, nous accompagnons les programmes d’alphabétisation et de formation agricole des jeunes FTMTK. Nous soutenons également le centre social, le centre pour les handicapés. Nous accompagnons également Juliette et le centre de santé de Tuléar dans son fonctionnement et l’achat de médicaments. Pour cette année 2026, les demandes d’aide formulées par les sœurs explosent, ce qui donne une idée de la situation de détresse généralisée qui rappe la Grande Île et il n’est pas sûr que le nouveau pouvoir change la donne.
Nous comptons donc plus que jamais sur votre engagement à nos côtés afin de pouvoir répondre du mieux possible à toutes ces sollicitations absolument légitimes et nous vous en remercions par avance.
PARTAGE SANS FRONTIÈRES
TANI :
Sara Maria nous a fait parvenir le rapport du 1er semestre 2025 : « Travailler dans les communautés au Pérou, en particulier dans des quartiers où la violence a gagné du terrain, est devenu un défi de plus en plus complexe. Ce premier semestre, notre programme de santé communautaire a dû s’ajuster face à une réalité marquée par des risques concrets pour notre équipe et nos bénéficiaires. Certaines zones sont devenues difficilement accessibles en raison de conflits locaux, de menaces ou simplement d’une insécurité persistante. Dans ce contexte, nous avons fait le choix de ne pas exposer inutilement nos intervenants, tout en maintenant notre engagement auprès des familles les plus vulnérables. Pour répondre à ces contraintes, nous avons renforcé d’autres formes de proximité : davantage de visites ciblées auprès des familles à risque, des appels téléphoniques réguliers pour le suivi des enfants malades, et une mobilisation accrue pour garantir un accès effectif aux soins. Lorsque nous avons constaté qu’un enfant ne montrait pas de signes d’amélioration, nous avons assumé les coûts de transport et accompagné activement les familles pour qu’elles puissent accéder aux services de santé. Ces actions discrètes, mais décisives ont permis de prendre en charge des situations critiques, d’éviter des complications sévères, et surtout de témoigner aux familles que leur réalité ne nous est pas indifférente. Grâce au soutien de Partage sans Frontières, nous avons pu intervenir là où les ressources manquaient le plus, et là où une simple réponse médicale ne suffit pas. Dans un contexte d’instabilité, d’isolement et de méfiance croissante vis-à-vis des institutions, cette présence attentive, flexible et solidaire est essentielle. C’est ensemble que nous avons pu faire face, ajuster notre approche, et continuer à protéger la santé des enfants les plus fragiles. Nous exprimons notre profonde gratitude à Partage sans Frontières pour cette alliance de confiance, qui nous permet de transformer les obstacles en actions concrètes, et de préserver, malgré tout, ce lien humain au cœur de notre mission.
Résultats
4262 enfants de moins de 5 ans ont reçu une consultation médicale au cours du premier semestre 2025
Pendant ce premier semestre de l’année, nous sommes arrivés à faire 8890 consultations médicales pour des enfants de moins de 5 ans.
1336 enfants ont besoin d’un traitement immédiat lors de leur consultation médicale pour assurer un rétablissement d’une urgence médicale.
19,6 % des enfants de moins de 5 ans ont reçu une consultation médicale au cours du premier semestre 2025. 19.4 % des enfants qui arrivent à la consultation médicale sont dans une situation de santé grave qui mérite une intervention plus complexe.
88 % des familles affirment avoir plus d’informations après les consultations pour prendre soin de leurs familles avec plus d’efficacité.
27 993 interventions de suivi se font avec les familles qui se trouvent dans une situation grave, avec des familles qui ne montrent pas une amélioration après les traitements locaux, et aussi avec les familles qui ont des problèmes pour comprendre les indications du médecin. »
BOLIVIE
François Donnat décrit la situation politique du pays : « Le pays a vécu une élection présidentielle originale. D’abord, c’est la première fois qu’il y a un deuxième tour, alors que les députés et sénateurs sont élus depuis le mois d’aout. C’est un fait nouveau dans le paysage politique du pays. Ensuite, cette élection se déroule après l’échec retentissant du gouvernement de Luis Arce. Il a réussi, en cinq ans, à détruire le MAS, diviser les mouvements sociaux qui avaient administré le pays depuis vingt ans, à généraliser la corruption… Il laisse un pays en ruines et en faillite. Faire le plein de son réservoir d’essence ou de diesel demande une journée voir deux de queue. Il est impossible de trouver du dollar sur le marché bolivien. Les banques ne permettent de faire que cent dollars d’achat à l’international avec sa carte Visa. L’inflation est de plus de 25 %. Sans parler du chômage. Beaucoup d’articles de journaux parlent de la nouvelle bourgeoisie aymara, les qamiri, qui auraient tourné le dos à la gauche. Ce sont des gens qui ont fait fortune dans le commerce, mais le commerce illégal. Il est bien connu que la contrebande est une des façons du narcotrafic bolivien pour laver ses dollars. Il est impossible de se construire des cholets de quelques millions de dollars dans un pays en ruine avec de l’argent propre. Seul compte pour eux le fric, ce qui est une caractéristique du crime organisé. Au lieu de s’extasier sur les qamiri , il serait intéressant de s’interroger sur ce que signifie être de gauche dans un pays rongé par le narcotrafic. Dans ce contexte les idéologies de gauche ou de droite ne comptent pas beaucoup. Le commun des mortels cherche surtout à survivre sans se préoccuper si celui qui va lui donner un travail, précaire, est de droite, libéral ou d’une autre idéologie. Les qamiri eux continueront de faire de bonnes affaires. Le MAS ayant disparu de la scène politique du pays, la gauche elle avait disparu après le premier mandat d’Evo Morales (2006-2009), les deux candidats en course pour la présidence sont de droite. D’une part, Tuto Quiroga, ancien vice-président d’Hugo Banzer, et d’autre part Rodrigo Paz, fils de Jaime Paz ancien président de Bolivie. C’est finalement Rodrigo Paz Pereira qui est le nouveau président de Bolivie. Son père Jaime Paz Zamora, ancien président de Bolivie, une dynastie de présidents. Or il a été fortement lié au narcotrafic à son époque. Il apparait que les électeurs du MAS, orphelin de leur leader et de leur parti, ont voté pour Rodrigo Paz. Ce sera donc une pression sur son gouvernement qui n’aura pas les mains libres vis-à-vis du narcotrafic. Il a été élu aussi par un phénomène de rejet des politicards de toujours et rejet de Tuto. Les gens voulaient de nouvelles têtes. Son vice-président, Lara, ancien capitaine de la police, obligé de quitter l’institution pour avoir dénoncé la corruption qui règne dans la police, a fait campagne sur tik tok, qui a eu beaucoup d’audience surtout avec les jeunes. Certains disent que les votes sont plus pour Lara que pour Rodrigo Paz. Les relations entre le président et son vice-président ne sont pas fluides. Lara la joue perso et Rodrigo Paz ne semble pas pouvoir maîtriser son vice-président qui l’a menacé publiquement pendant la campagne électorale. Le nouveau président aura fort à faire entre les pressions de son électorat issu du MAS, son vice-président, quelque peu électron libre, la rue qui espère des dollars et des hydrocarbures vite, très vite. Son programme entretient un flou artistique qui ne permet pas de savoir à quelle sauce il compte diriger le pays. L’avenir reste encore sombre pour le pays. Il faudra pas mal de temps pour sortir la tête de l’eau. Il y aura encore des files d’attente pour remplir son réservoir, toujours pas de dollars dans les banques et donc pas mal de système D, etc. Au lendemain de l’élection tout le monde veut sortir de la crise sans savoir bien comment on va s’en sortir. »
Tarabuco :
Wilson agronome, coordinateur, permanent avec Lourdes et Jimena est venu en France se documenter sur la production de pommes. Son voyage a été financé par Solidarité Bolivie, à la suite d’une visite d’Odile et de Jean (frère jumeau de Pierre Marmilloud), qui exploite une plantation de pommiers en Savoie. Accompagné de Thierry, il a eu l’occasion d’échanger avec un producteur bio dans le sud Drôme. Nous l’avons reçu lors de notre dernier CA pour un échange fructueux. Le centre de formation s’adresse à des volontaires notamment pour la culture d’origan et de pommes adaptés au climat local et répondant à une forte demande du marché, tout en diversifiant les productions agricoles. Une fois formé, le paysan volontaire sera suivi dans toutes les phases de mise en culture et pourra lui-même dispenser son savoir-faire aux autres paysans. Nous continuerons donc à accompagner la plantation de pommiers en 2026 afin de toucher d’autres communautés. Dorénavant, nous serons directement en contact avec les responsables boliviens, Michel Peyrat et Horizons 19 se retirant petit à petit du projet. Qu’ils soient chaleureusement remerciés pour toutes ces années d’engagement sans faille.
MADAGASCAR
Thierry, membre du conseil d'administration de PSF, et son épouse Françoise, se sont rendus à Madagascar, accompagnés de leur fille au mois de juin. Françoise a eu la gentillesse de nous livrer leurs impressions de voyage dont ils ne sont pas revenus indemnes, malgré toute leur expérience de vie parmi les campesinos boliviens. « Nous ne connaissions Madagascar qu’à travers « les comptes rendus de "Partage sans Frontières" : les villes et les lieux nommés restaient toujours vagues et imprécis dans nos têtes. Nous avons donc décidé de nous y rendre de mi-juin à mi-juillet 2025.
Grâce au partenariat entre PSF et les "Enfants de Madagascar", nous avons pu découvrir “la Grande Île” un peu de l’intérieur, guidés par les acteurs sur place, et bénéficiant de l’hébergement et des conseils de Jean Michel Bourrel, président de l’association des Enfants de Madagascar.
De la capitale, Antananarivo (Tana), nous filons directement sur les hauts plateaux à Antsirabé. De là, notre première impression est celle d’un peuple à la fois pauvre et extrêmement laborieux et ingénieux. Preuve en est, le paysage sculpté d’innombrables terrasses travaillées à la main d’hommes, de femmes et d’enfants, uniquement à l’aide de l’angadi, la pelle malgache, ou de la charrue à bras tirée par les zébus. Là où il y a de l’eau, les cultures maraîchères prospèrent. Pas d’intrants chimiques, une vraie leçon de permaculture qui permet au plus grand nombre de vivre. En ville, les déplacements se font parfois en touk-touk à moteur, mais souvent encore en charrette à bras, à pied, avec de lourdes charges portées sur la tête. Nous sommes impressionnés par la capacité des Malgaches à ne rien perdre, à recycler, à réinventer. Les canettes, fils de pêche jetés, tubes de perfusion usagés… quelques petites soudures, et hop, la magie opère : des bicyclettes, solex, motos, camions miniatures sortent des mains adroites des fabricants. Des cornes de zébu récupérées à l’abattoir se transforment en vaisselle, bijoux, objets de décoration… De même les maisons toutes construites à la main, avec les matériaux locaux : torchis, toits et palissades de feuilles séchées, savamment tressées…
Nous comprenons alors que la débrouille est la seule manière de s’en sortir… Si le sous-sol est riche en minéraux, pierres précieuses et semi-précieuses, il est immédiatement récupéré par l’État qui exproprie les paysans, ceux-ci n’ayant d’autre choix que de travailler à extraire le minéral dans des conditions catastrophiques et des salaires de misère, pour qu’ensuite les joyaux soient exportés… L’État corrompu se désengage totalement de ses responsabilités, l’état des routes est un désastre, la RN7 seule route qui relie le Nord au sud-est totalement défoncée. La seule route potable que nous ayons rencontrée est celle qui, à Tamatave, relie la maison secondaire du président à l’aéroport ! La situation économique s’empire chaque jour, si bien que les Malgaches en viennent à regretter la colonisation “car au moins, à l’époque, il y avait des routes !... » Hormis pour les membres de l’oligarchie, la vie en ville est désastreuse : les pauvres malgaches n’ont plus d’argent pour s’acheter du charbon, ils doivent aller récupérer du bois pour cuisiner…
De la solidarité qui paie :
Dans ce dédale d’inégalités et d’injustices, nous partons visiter les différentes écoles et groupes scolaires, construits par le biais de projets financés par PSF et les "Enfants de Madagascar". L’école maternelle d’Ambohipo, dans la montagne, le groupe scolaire d’Antaretibe, ou le collège de Vohitrarivo ou d’Antanimandry… Des toits neufs qui ne fuient pas, des murs colorés et propres, des salles de classe éclairées… Tout simplement de meilleures conditions pour apprendre ! Et l’effet est immédiat : les effectifs augmentent, quitte à parcourir 15kms à pied pour s’y rendre ! Les objectifs sont atteints : il s’agit non seulement d’améliorer le niveau scolaire, mais aussi de retarder la sortie de l’école, d’éviter d’avoir des enfants trop tôt et par conséquent de s’enfoncer dans la misère…
À Morondava, nous sommes accueillis par les petites sœurs Jeanne Delanoue, qui gèrent un centre d’accueil pour personnes handicapées, financé avec l’appui de PSF. Traduction du nom du centre : ‘Une porte ouverte pour donner un beau visage aux plus fragiles.’ Tout est dit !
Adeline, toujours joyeuse et positive, coordonne le centre qui s’autogère en partie avec les petits revenus des personnes qui y travaillent et font fonctionner une ferme, vendent des volailles et des cochons, travaillent un jardin, fabriquent et vendent des craies… Dans ce centre plein de vie, enfants handicapés et familles y sont accueillis et bénéficient d’une école spécialisée, d’un espace de rééducation, d’une salle d’appareillage, et bientôt des espaces pour vendre de la nourriture, tresser des cheveux, vendre de l’épicerie… Et comme si cela ne suffisait pas, on accueille aussi des personnes âgées privées de famille. Nous sommes impressionnés par la générosité et la capacité d’organisation de cette équipe, qui permet de réaliser des miracles. Chaque euro reçu de PSF a un impact direct sur leurs bénéficiaires.
À Tuléar, nous visitons le centre de santé tenu par Juliette, qui souffre elle-même de problèmes de santé graves et remet en question l’avenir du centre… Le soutien des amis de PSF lui permettra peut-être de se soigner et d’envisager à nouveau la tenue du centre de santé si précieux pour les jeunes mamans du quartier.
Mais ce qui nous aura probablement le plus marqués, c’est l’aide apportée aux prisonniers de la prison d’Antsirabé…
Comme toutes les prisons de Madagascar, celle d’Antsirabé est pire qu’un cauchemar, un enfer… Grâce aux petites sœurs des pauvres qui y travaillent, nous avons la chance d’aller la visiter. À peine franchie la porte et procédé aux démarches d’entrée, nous sommes saisis par la surpopulation… du monde partout, un espace étroit, de la promiscuité… Sur le tableau sont inscrites 700 personnes, dont une majorité de prévenus en attente d’une condamnation ou d’une libération qui tarde des années… Nous pénétrons dans la cour de la taille… d’un terrain de basket. Tous les hommes sont là, debout, serrés les uns à côté des autres, inoccupés. Le dortoir ? Des planches les unes au-dessous des autres. Impossible de tous y dormir, il faut faire des tours de rôle… Ici, pas de gamelle, même infâme, donnée aux prisonniers… Il faut se débrouiller pour trouver à manger…
Et là, dans ce cloaque, une petite lumière s’éclaire lorsque nous apercevons un, deux, puis trois prisonniers, se frayant une place, aiguille et fil de coton à la main, en train de broder un paysage malgache coloré. C’est là le génie des petites sœurs : donner des pièces à broder pour les fixer ensuite sur des accessoires qui seront vendus en Europe. Chaque pièce brodée donnera un pécule au prisonnier, qui l’aidera dans sa survie. Nous achetons un certain nombre d’accessoires pour PSF, en souhaitant de tout cœur qu’ils soient vendus !
De ces lumières, nous en verrons bien d’autres durant notre voyage, comme des étoiles dans la nuit. Du riz paddy financé par PSF qui permet aux femmes du centre social d’Ambatofotsy, venues à la ville avec leurs enfants pour échapper à la violence de leurs conjoints, — de se nourrir et même d’espérer que leurs enfants aillent à l’Université. De l’incroyable association Akamasoa créée à l’initiative du célèbre Père Pedro, qui multiplie les villages autour de la capitale et redonne la dignité et l’espérance aux pauvres
Et plus simplement de l’incroyable joie de vivre des Malgaches, des éclats de rire des enfants et de leur créativité pour inventer des jeux ensemble sans matériel, de la gentillesse d’Aimé, notre adorable chauffeur qui porte bien son nom.
Dans une nature souvent foisonnante, multicolore, avec des fruits et des fleurs abondants, des marchés joyeux, nous avons rencontré une île attachante qui ne laisse pas indemne… Peut-être l’idée d’un retour… en tous cas la certitude que ce que nous apportons ici à travers les petites associations a un véritable impact et donne de l’espoir. »
Ny Aïna :
Juliette a quelques problèmes de santé et doit prendre du repos. Le centre continue à fonctionner avec Odiane qui a commencé ses fonctions d’infirmière cet été.
INDE
Vanasthalee :
Des nouvelles toutes récentes : ‘Malgré les difficultés occasionnées par les fortes pluies, les travaux se sont déroulés relativement sans encombre, conformément au planning et au calendrier prévus.
L’accent est mis sur l’amélioration des compétences linguistiques et de la lecture et de l’écriture, car cela améliorera automatiquement la compréhension des autres matières, les enfants étant censés améliorer leurs compétences en communication. Cet effort est apprécié par les enseignants concernés, tant pour la bibliothèque mobile que pour le programme Hobby class/LEAP.
Le premier mois est toujours un peu chaotique et les enseignants doivent faire appel à leur expérience pour aider les enfants à s’adapter. De nouvelles admissions ont lieu régulièrement et les parents sont anxieux, ce qui ajoute aux problèmes rencontrés par les enseignants, mais cela fait partie intégrante du processus. Chaque mois est marqué par une fête ou une autre, qui est célébrée avec enthousiasme pour le plus grand bonheur des enfants.’
LA VIE DE L’ASSOCIATION
Les manifestations passées :
26 sept. 2025 : concert de la chorale de Soyons, temple de Châteaudouble : 1274 €
Les manifestations à venir :
- 1er nov. 2025 : marché alimentaire, Sarras
- 22-23 novembre 2025, 10 h – 18 h : marché de Noël, La Margelle, Chabeuil
- 29 novembre 2025, en matinée : marché de Noël, temple de Bourg-lès-Valence
- 29 novembre 2025, 20 h : concert choral et musique andine avec Intiwatana, temple de Bourg-lès-Valence
- Décembre 2025 : stand à la poterie de Lardet, Saint-Péray
- 12 au 14 décembre 2025 : Marché de Noël de Mornant
Les finances :
La situation financière est globalement meilleure qu’en 2024. Il faut trouver 26 877 € pour boucler l’année, contre 33 169, l’an dernier. Force est de constater que les produits sont supérieurs de 2 %, s’établissant à 35 077 € dont 19 448 € de dons en progression de 7 % par rapport à 2024. Les charges courantes ont baissé de 14 % et nous avons jusqu’à maintenant moins acheté de produits du commerce équitable, 37 % en moins. Attention, les commandes pour les stands de fin d’année ne figurent pas encore ! Nous avons aussi un tout petit peu réduit notre aide de 3 %, avec 49 646 € de projets financés, contre plus de 50 000 € l’an passé. Une situation qui reste donc fragile et qui peut se terminer à l’équilibre si nous réussissons les actions de fin d’année.
Nous avons reçu un don du GAASM de 283,65 € de Saint-Martin pour notre participation à la fête de la Forge. Un très grand merci pour cette aide bienvenue !
SOUTENIR LES ACTIONS DE PSF
C’est participer à une aventure humaine de 44 ans de solidarité active, efficace et concrète.
C’est faire un don, la totalité des dons reçus va au financement des projets. Ils sont fiscalement déductibles. C’est possible en ligne aux adresses suivantes :
http://www.partage-sans-frontieres.org/partage_sans_frontieres_don_en_ligne.html
https://www.helloasso.com/associations/partage-sans-frontieres
Vous pouvez même établir un prélèvement mensuel.
C’est nous acheter des produits issus du commerce équitable : café, confitures, chocolat…
C’est s’engager à tenir un stand, à organiser une soirée de rencontre, à participer au conseil d’administration…
C’est parler de Partage sans Frontières à vos voisins, vos connaissances.
C’est nous soutenir sur les différents réseaux sociaux.
Nous comptons sur vous, notre avenir en dépend !
Éditorial
Contestations
L’actualité internationale secouée par les revirements trumpiens, les ambitions guerrières d’un Poutine, l’instabilité politique française, les catastrophes climatiques ont mis à l’arrière-plan les soubresauts, révoltes et contestations qui agitent différents pays. Les vieux potentats s’accrochent coûte que coûte à leur pouvoir en muselant toute forme d’opposition et en trafiquant les résultats des élections. Au Cameroun, le nonagénaire Paul Biya au pouvoir depuis plus de 45 ans rempile pour un cinquième mandat.. En Côte d’Ivoire, le président sortant Alassane Ouattara (83 ans) remporte 89,7 % des voix au 1er tour des présidentielles pour son 4e mandat…
Nos partenaires ne sont pas épargnés non plus par ces troubles. La présidente du Pérou par intérim Dina Boluarte a été destituée par le parlement dans un pays qui a vu passer cinq présidents de la République en… cinq ans ! Pendant ce temps, l’insécurité s’accroît, obligeant les équipes de Taller de los Niños à redoubler de prudence et de discrétion pour intervenir dans différents secteurs des bidonvilles de Lima et à mettre en place différentes stratégies pour ne pas être victimes de cette recrudescence de violence.
La Bolivie vient d’amener au pouvoir un candidat de droite, Rodrigo Paz qui vient d’être élu. Mais les préoccupations des Boliviens sont tout autres, plutôt liées à une survie quotidienne et à un espoir de changement jusqu’à maintenant bien illusoire avec en toile de fond le narcotrafic.
Selon les données de l’UNICEF, Madagascar, avec ses 29,6 millions d’habitants, compte environ 50 % d’enfants de moins de 18 ans et 20,9 millions de jeunes de moins de 30 ans. Les jeunes de moins de 24 ans représentent 65 % de la population.
La jeunesse est souvent laissée pour compte par des régimes corrompus, à tendance autoritaire, qui s’accrochent au pouvoir. Informée par les réseaux sociaux sur ce qui se passe ailleurs, elle ne se berce plus d’illusions et réclame ses droits. Diplômée et formée, elle entend trouver un travail à la mesure de ses compétences pour rendre un avenir possible.
À l’instar d’autres pays comme le Maroc, les jeunes de la Gén Z n’entendent plus se laisser dicter leur conduite et défilent dans les rues, défiant le pouvoir en place. Après des manifestations durement réprimées qui ont abouti à la fuite du président Rajoelina lui-même arrivé au pouvoir après avoir renversé le président en place. Cette protestation populaire risque cependant d’être récupérée ou tout du moins instrumentalisée par la reprise en main militaire avec la nomination d’un président par intérim le colonel Randrianirina qui s’est doté d’un Premier ministre Rajaonarivelo, économiste de formation, banquier et chef d’entreprise. Jugé proche de l’ancien pouvoir, il suscite un certain scepticisme et se trouve sous la surveillance attentive de la jeunesse.
Népotisme et corruption sont les maîtres mots de ces véritables dynasties familiales qui s’enrichissent outrageusement et placent leurs avoirs à l’étranger tandis que leur pays s’enfonce dans la pauvreté. Les services publics sont exsangues, les infrastructures à bout de souffle, les routes non entretenues, le système de santé inexistant. Les écoles en très mauvais état, sous-dimensionnées, manquent de personnel qualifié qui ne veut pas s’exiler dans la campagne.
La société civile par son engagement tous azimuts essaie de pallier ces défaillances d’État en s’investissant dans l’éducation et le soin. Depuis des années, par l’intermédiaire des « Enfants de Madagascar », nous participons à la construction de salles de classe ou à leur rénovation. Avec les sœurs Jeanne Delanoue, nous accompagnons les programmes d’alphabétisation et de formation agricole des jeunes FTMTK. Nous soutenons également le centre social, le centre pour les handicapés. Nous accompagnons également Juliette et le centre de santé de Tuléar dans son fonctionnement et l’achat de médicaments. Pour cette année 2026, les demandes d’aide formulées par les sœurs explosent, ce qui donne une idée de la situation de détresse généralisée qui rappe la Grande Île et il n’est pas sûr que le nouveau pouvoir change la donne.
Nous comptons donc plus que jamais sur votre engagement à nos côtés afin de pouvoir répondre du mieux possible à toutes ces sollicitations absolument légitimes et nous vous en remercions par avance.
PARTAGE SANS FRONTIÈRES
TANI :
Sara Maria nous a fait parvenir le rapport du 1er semestre 2025 : « Travailler dans les communautés au Pérou, en particulier dans des quartiers où la violence a gagné du terrain, est devenu un défi de plus en plus complexe. Ce premier semestre, notre programme de santé communautaire a dû s’ajuster face à une réalité marquée par des risques concrets pour notre équipe et nos bénéficiaires. Certaines zones sont devenues difficilement accessibles en raison de conflits locaux, de menaces ou simplement d’une insécurité persistante. Dans ce contexte, nous avons fait le choix de ne pas exposer inutilement nos intervenants, tout en maintenant notre engagement auprès des familles les plus vulnérables. Pour répondre à ces contraintes, nous avons renforcé d’autres formes de proximité : davantage de visites ciblées auprès des familles à risque, des appels téléphoniques réguliers pour le suivi des enfants malades, et une mobilisation accrue pour garantir un accès effectif aux soins. Lorsque nous avons constaté qu’un enfant ne montrait pas de signes d’amélioration, nous avons assumé les coûts de transport et accompagné activement les familles pour qu’elles puissent accéder aux services de santé. Ces actions discrètes, mais décisives ont permis de prendre en charge des situations critiques, d’éviter des complications sévères, et surtout de témoigner aux familles que leur réalité ne nous est pas indifférente. Grâce au soutien de Partage sans Frontières, nous avons pu intervenir là où les ressources manquaient le plus, et là où une simple réponse médicale ne suffit pas. Dans un contexte d’instabilité, d’isolement et de méfiance croissante vis-à-vis des institutions, cette présence attentive, flexible et solidaire est essentielle. C’est ensemble que nous avons pu faire face, ajuster notre approche, et continuer à protéger la santé des enfants les plus fragiles. Nous exprimons notre profonde gratitude à Partage sans Frontières pour cette alliance de confiance, qui nous permet de transformer les obstacles en actions concrètes, et de préserver, malgré tout, ce lien humain au cœur de notre mission.
Résultats
4262 enfants de moins de 5 ans ont reçu une consultation médicale au cours du premier semestre 2025
Pendant ce premier semestre de l’année, nous sommes arrivés à faire 8890 consultations médicales pour des enfants de moins de 5 ans.
1336 enfants ont besoin d’un traitement immédiat lors de leur consultation médicale pour assurer un rétablissement d’une urgence médicale.
19,6 % des enfants de moins de 5 ans ont reçu une consultation médicale au cours du premier semestre 2025. 19.4 % des enfants qui arrivent à la consultation médicale sont dans une situation de santé grave qui mérite une intervention plus complexe.
88 % des familles affirment avoir plus d’informations après les consultations pour prendre soin de leurs familles avec plus d’efficacité.
27 993 interventions de suivi se font avec les familles qui se trouvent dans une situation grave, avec des familles qui ne montrent pas une amélioration après les traitements locaux, et aussi avec les familles qui ont des problèmes pour comprendre les indications du médecin. »
BOLIVIE
François Donnat décrit la situation politique du pays : « Le pays a vécu une élection présidentielle originale. D’abord, c’est la première fois qu’il y a un deuxième tour, alors que les députés et sénateurs sont élus depuis le mois d’aout. C’est un fait nouveau dans le paysage politique du pays. Ensuite, cette élection se déroule après l’échec retentissant du gouvernement de Luis Arce. Il a réussi, en cinq ans, à détruire le MAS, diviser les mouvements sociaux qui avaient administré le pays depuis vingt ans, à généraliser la corruption… Il laisse un pays en ruines et en faillite. Faire le plein de son réservoir d’essence ou de diesel demande une journée voir deux de queue. Il est impossible de trouver du dollar sur le marché bolivien. Les banques ne permettent de faire que cent dollars d’achat à l’international avec sa carte Visa. L’inflation est de plus de 25 %. Sans parler du chômage. Beaucoup d’articles de journaux parlent de la nouvelle bourgeoisie aymara, les qamiri, qui auraient tourné le dos à la gauche. Ce sont des gens qui ont fait fortune dans le commerce, mais le commerce illégal. Il est bien connu que la contrebande est une des façons du narcotrafic bolivien pour laver ses dollars. Il est impossible de se construire des cholets de quelques millions de dollars dans un pays en ruine avec de l’argent propre. Seul compte pour eux le fric, ce qui est une caractéristique du crime organisé. Au lieu de s’extasier sur les qamiri , il serait intéressant de s’interroger sur ce que signifie être de gauche dans un pays rongé par le narcotrafic. Dans ce contexte les idéologies de gauche ou de droite ne comptent pas beaucoup. Le commun des mortels cherche surtout à survivre sans se préoccuper si celui qui va lui donner un travail, précaire, est de droite, libéral ou d’une autre idéologie. Les qamiri eux continueront de faire de bonnes affaires. Le MAS ayant disparu de la scène politique du pays, la gauche elle avait disparu après le premier mandat d’Evo Morales (2006-2009), les deux candidats en course pour la présidence sont de droite. D’une part, Tuto Quiroga, ancien vice-président d’Hugo Banzer, et d’autre part Rodrigo Paz, fils de Jaime Paz ancien président de Bolivie. C’est finalement Rodrigo Paz Pereira qui est le nouveau président de Bolivie. Son père Jaime Paz Zamora, ancien président de Bolivie, une dynastie de présidents. Or il a été fortement lié au narcotrafic à son époque. Il apparait que les électeurs du MAS, orphelin de leur leader et de leur parti, ont voté pour Rodrigo Paz. Ce sera donc une pression sur son gouvernement qui n’aura pas les mains libres vis-à-vis du narcotrafic. Il a été élu aussi par un phénomène de rejet des politicards de toujours et rejet de Tuto. Les gens voulaient de nouvelles têtes. Son vice-président, Lara, ancien capitaine de la police, obligé de quitter l’institution pour avoir dénoncé la corruption qui règne dans la police, a fait campagne sur tik tok, qui a eu beaucoup d’audience surtout avec les jeunes. Certains disent que les votes sont plus pour Lara que pour Rodrigo Paz. Les relations entre le président et son vice-président ne sont pas fluides. Lara la joue perso et Rodrigo Paz ne semble pas pouvoir maîtriser son vice-président qui l’a menacé publiquement pendant la campagne électorale. Le nouveau président aura fort à faire entre les pressions de son électorat issu du MAS, son vice-président, quelque peu électron libre, la rue qui espère des dollars et des hydrocarbures vite, très vite. Son programme entretient un flou artistique qui ne permet pas de savoir à quelle sauce il compte diriger le pays. L’avenir reste encore sombre pour le pays. Il faudra pas mal de temps pour sortir la tête de l’eau. Il y aura encore des files d’attente pour remplir son réservoir, toujours pas de dollars dans les banques et donc pas mal de système D, etc. Au lendemain de l’élection tout le monde veut sortir de la crise sans savoir bien comment on va s’en sortir. »
Tarabuco :
Wilson agronome, coordinateur, permanent avec Lourdes et Jimena est venu en France se documenter sur la production de pommes. Son voyage a été financé par Solidarité Bolivie, à la suite d’une visite d’Odile et de Jean (frère jumeau de Pierre Marmilloud), qui exploite une plantation de pommiers en Savoie. Accompagné de Thierry, il a eu l’occasion d’échanger avec un producteur bio dans le sud Drôme. Nous l’avons reçu lors de notre dernier CA pour un échange fructueux. Le centre de formation s’adresse à des volontaires notamment pour la culture d’origan et de pommes adaptés au climat local et répondant à une forte demande du marché, tout en diversifiant les productions agricoles. Une fois formé, le paysan volontaire sera suivi dans toutes les phases de mise en culture et pourra lui-même dispenser son savoir-faire aux autres paysans. Nous continuerons donc à accompagner la plantation de pommiers en 2026 afin de toucher d’autres communautés. Dorénavant, nous serons directement en contact avec les responsables boliviens, Michel Peyrat et Horizons 19 se retirant petit à petit du projet. Qu’ils soient chaleureusement remerciés pour toutes ces années d’engagement sans faille.
MADAGASCAR
Thierry, membre du conseil d'administration de PSF, et son épouse Françoise, se sont rendus à Madagascar, accompagnés de leur fille au mois de juin. Françoise a eu la gentillesse de nous livrer leurs impressions de voyage dont ils ne sont pas revenus indemnes, malgré toute leur expérience de vie parmi les campesinos boliviens. « Nous ne connaissions Madagascar qu’à travers « les comptes rendus de "Partage sans Frontières" : les villes et les lieux nommés restaient toujours vagues et imprécis dans nos têtes. Nous avons donc décidé de nous y rendre de mi-juin à mi-juillet 2025.
Grâce au partenariat entre PSF et les "Enfants de Madagascar", nous avons pu découvrir “la Grande Île” un peu de l’intérieur, guidés par les acteurs sur place, et bénéficiant de l’hébergement et des conseils de Jean Michel Bourrel, président de l’association des Enfants de Madagascar.
De la capitale, Antananarivo (Tana), nous filons directement sur les hauts plateaux à Antsirabé. De là, notre première impression est celle d’un peuple à la fois pauvre et extrêmement laborieux et ingénieux. Preuve en est, le paysage sculpté d’innombrables terrasses travaillées à la main d’hommes, de femmes et d’enfants, uniquement à l’aide de l’angadi, la pelle malgache, ou de la charrue à bras tirée par les zébus. Là où il y a de l’eau, les cultures maraîchères prospèrent. Pas d’intrants chimiques, une vraie leçon de permaculture qui permet au plus grand nombre de vivre. En ville, les déplacements se font parfois en touk-touk à moteur, mais souvent encore en charrette à bras, à pied, avec de lourdes charges portées sur la tête. Nous sommes impressionnés par la capacité des Malgaches à ne rien perdre, à recycler, à réinventer. Les canettes, fils de pêche jetés, tubes de perfusion usagés… quelques petites soudures, et hop, la magie opère : des bicyclettes, solex, motos, camions miniatures sortent des mains adroites des fabricants. Des cornes de zébu récupérées à l’abattoir se transforment en vaisselle, bijoux, objets de décoration… De même les maisons toutes construites à la main, avec les matériaux locaux : torchis, toits et palissades de feuilles séchées, savamment tressées…
Nous comprenons alors que la débrouille est la seule manière de s’en sortir… Si le sous-sol est riche en minéraux, pierres précieuses et semi-précieuses, il est immédiatement récupéré par l’État qui exproprie les paysans, ceux-ci n’ayant d’autre choix que de travailler à extraire le minéral dans des conditions catastrophiques et des salaires de misère, pour qu’ensuite les joyaux soient exportés… L’État corrompu se désengage totalement de ses responsabilités, l’état des routes est un désastre, la RN7 seule route qui relie le Nord au sud-est totalement défoncée. La seule route potable que nous ayons rencontrée est celle qui, à Tamatave, relie la maison secondaire du président à l’aéroport ! La situation économique s’empire chaque jour, si bien que les Malgaches en viennent à regretter la colonisation “car au moins, à l’époque, il y avait des routes !... » Hormis pour les membres de l’oligarchie, la vie en ville est désastreuse : les pauvres malgaches n’ont plus d’argent pour s’acheter du charbon, ils doivent aller récupérer du bois pour cuisiner…
De la solidarité qui paie :
Dans ce dédale d’inégalités et d’injustices, nous partons visiter les différentes écoles et groupes scolaires, construits par le biais de projets financés par PSF et les "Enfants de Madagascar". L’école maternelle d’Ambohipo, dans la montagne, le groupe scolaire d’Antaretibe, ou le collège de Vohitrarivo ou d’Antanimandry… Des toits neufs qui ne fuient pas, des murs colorés et propres, des salles de classe éclairées… Tout simplement de meilleures conditions pour apprendre ! Et l’effet est immédiat : les effectifs augmentent, quitte à parcourir 15kms à pied pour s’y rendre ! Les objectifs sont atteints : il s’agit non seulement d’améliorer le niveau scolaire, mais aussi de retarder la sortie de l’école, d’éviter d’avoir des enfants trop tôt et par conséquent de s’enfoncer dans la misère…
À Morondava, nous sommes accueillis par les petites sœurs Jeanne Delanoue, qui gèrent un centre d’accueil pour personnes handicapées, financé avec l’appui de PSF. Traduction du nom du centre : ‘Une porte ouverte pour donner un beau visage aux plus fragiles.’ Tout est dit !
Adeline, toujours joyeuse et positive, coordonne le centre qui s’autogère en partie avec les petits revenus des personnes qui y travaillent et font fonctionner une ferme, vendent des volailles et des cochons, travaillent un jardin, fabriquent et vendent des craies… Dans ce centre plein de vie, enfants handicapés et familles y sont accueillis et bénéficient d’une école spécialisée, d’un espace de rééducation, d’une salle d’appareillage, et bientôt des espaces pour vendre de la nourriture, tresser des cheveux, vendre de l’épicerie… Et comme si cela ne suffisait pas, on accueille aussi des personnes âgées privées de famille. Nous sommes impressionnés par la générosité et la capacité d’organisation de cette équipe, qui permet de réaliser des miracles. Chaque euro reçu de PSF a un impact direct sur leurs bénéficiaires.
À Tuléar, nous visitons le centre de santé tenu par Juliette, qui souffre elle-même de problèmes de santé graves et remet en question l’avenir du centre… Le soutien des amis de PSF lui permettra peut-être de se soigner et d’envisager à nouveau la tenue du centre de santé si précieux pour les jeunes mamans du quartier.
Mais ce qui nous aura probablement le plus marqués, c’est l’aide apportée aux prisonniers de la prison d’Antsirabé…
Comme toutes les prisons de Madagascar, celle d’Antsirabé est pire qu’un cauchemar, un enfer… Grâce aux petites sœurs des pauvres qui y travaillent, nous avons la chance d’aller la visiter. À peine franchie la porte et procédé aux démarches d’entrée, nous sommes saisis par la surpopulation… du monde partout, un espace étroit, de la promiscuité… Sur le tableau sont inscrites 700 personnes, dont une majorité de prévenus en attente d’une condamnation ou d’une libération qui tarde des années… Nous pénétrons dans la cour de la taille… d’un terrain de basket. Tous les hommes sont là, debout, serrés les uns à côté des autres, inoccupés. Le dortoir ? Des planches les unes au-dessous des autres. Impossible de tous y dormir, il faut faire des tours de rôle… Ici, pas de gamelle, même infâme, donnée aux prisonniers… Il faut se débrouiller pour trouver à manger…
Et là, dans ce cloaque, une petite lumière s’éclaire lorsque nous apercevons un, deux, puis trois prisonniers, se frayant une place, aiguille et fil de coton à la main, en train de broder un paysage malgache coloré. C’est là le génie des petites sœurs : donner des pièces à broder pour les fixer ensuite sur des accessoires qui seront vendus en Europe. Chaque pièce brodée donnera un pécule au prisonnier, qui l’aidera dans sa survie. Nous achetons un certain nombre d’accessoires pour PSF, en souhaitant de tout cœur qu’ils soient vendus !
De ces lumières, nous en verrons bien d’autres durant notre voyage, comme des étoiles dans la nuit. Du riz paddy financé par PSF qui permet aux femmes du centre social d’Ambatofotsy, venues à la ville avec leurs enfants pour échapper à la violence de leurs conjoints, — de se nourrir et même d’espérer que leurs enfants aillent à l’Université. De l’incroyable association Akamasoa créée à l’initiative du célèbre Père Pedro, qui multiplie les villages autour de la capitale et redonne la dignité et l’espérance aux pauvres
Et plus simplement de l’incroyable joie de vivre des Malgaches, des éclats de rire des enfants et de leur créativité pour inventer des jeux ensemble sans matériel, de la gentillesse d’Aimé, notre adorable chauffeur qui porte bien son nom.
Dans une nature souvent foisonnante, multicolore, avec des fruits et des fleurs abondants, des marchés joyeux, nous avons rencontré une île attachante qui ne laisse pas indemne… Peut-être l’idée d’un retour… en tous cas la certitude que ce que nous apportons ici à travers les petites associations a un véritable impact et donne de l’espoir. »
Ny Aïna :
Juliette a quelques problèmes de santé et doit prendre du repos. Le centre continue à fonctionner avec Odiane qui a commencé ses fonctions d’infirmière cet été.
INDE
Vanasthalee :
Des nouvelles toutes récentes : ‘Malgré les difficultés occasionnées par les fortes pluies, les travaux se sont déroulés relativement sans encombre, conformément au planning et au calendrier prévus.
L’accent est mis sur l’amélioration des compétences linguistiques et de la lecture et de l’écriture, car cela améliorera automatiquement la compréhension des autres matières, les enfants étant censés améliorer leurs compétences en communication. Cet effort est apprécié par les enseignants concernés, tant pour la bibliothèque mobile que pour le programme Hobby class/LEAP.
Le premier mois est toujours un peu chaotique et les enseignants doivent faire appel à leur expérience pour aider les enfants à s’adapter. De nouvelles admissions ont lieu régulièrement et les parents sont anxieux, ce qui ajoute aux problèmes rencontrés par les enseignants, mais cela fait partie intégrante du processus. Chaque mois est marqué par une fête ou une autre, qui est célébrée avec enthousiasme pour le plus grand bonheur des enfants.’
LA VIE DE L’ASSOCIATION
Les manifestations passées :
26 sept. 2025 : concert de la chorale de Soyons, temple de Châteaudouble : 1274 €
Les manifestations à venir :
- 1er nov. 2025 : marché alimentaire, Sarras
- 22-23 novembre 2025, 10 h – 18 h : marché de Noël, La Margelle, Chabeuil
- 29 novembre 2025, en matinée : marché de Noël, temple de Bourg-lès-Valence
- 29 novembre 2025, 20 h : concert choral et musique andine avec Intiwatana, temple de Bourg-lès-Valence
- Décembre 2025 : stand à la poterie de Lardet, Saint-Péray
- 12 au 14 décembre 2025 : Marché de Noël de Mornant
Les finances :
La situation financière est globalement meilleure qu’en 2024. Il faut trouver 26 877 € pour boucler l’année, contre 33 169, l’an dernier. Force est de constater que les produits sont supérieurs de 2 %, s’établissant à 35 077 € dont 19 448 € de dons en progression de 7 % par rapport à 2024. Les charges courantes ont baissé de 14 % et nous avons jusqu’à maintenant moins acheté de produits du commerce équitable, 37 % en moins. Attention, les commandes pour les stands de fin d’année ne figurent pas encore ! Nous avons aussi un tout petit peu réduit notre aide de 3 %, avec 49 646 € de projets financés, contre plus de 50 000 € l’an passé. Une situation qui reste donc fragile et qui peut se terminer à l’équilibre si nous réussissons les actions de fin d’année.
Nous avons reçu un don du GAASM de 283,65 € de Saint-Martin pour notre participation à la fête de la Forge. Un très grand merci pour cette aide bienvenue !
SOUTENIR LES ACTIONS DE PSF
C’est participer à une aventure humaine de 44 ans de solidarité active, efficace et concrète.
C’est faire un don, la totalité des dons reçus va au financement des projets. Ils sont fiscalement déductibles. C’est possible en ligne aux adresses suivantes :
http://www.partage-sans-frontieres.org/partage_sans_frontieres_don_en_ligne.html
https://www.helloasso.com/associations/partage-sans-frontieres
Vous pouvez même établir un prélèvement mensuel.
C’est nous acheter des produits issus du commerce équitable : café, confitures, chocolat…
C’est s’engager à tenir un stand, à organiser une soirée de rencontre, à participer au conseil d’administration…
C’est parler de Partage sans Frontières à vos voisins, vos connaissances.
C’est nous soutenir sur les différents réseaux sociaux.
Nous comptons sur vous, notre avenir en dépend !
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