Histoire des Incas

Partage sans Frontières est en étroite relation avec l'association Transversales et cette dernière nous propose une brève histoire des incas :

Cette présentation n'a pas pour ambition d'être une étude exhaustive sur la civilisation Inca. Il s'agit simplement de donner des grandes lignes pour comprendre les mécanismes qui ont conduit à la construction et à la disparition brutale de cet Empire.

Ceux qui voudront acquérir une connaissance plus approfondie de cette civilisation trouveront de nombreux ouvrages traitant de ce sujet

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LES PREMIERS AMERICAINS

De nombreuses hypothèses ont été émises quant à l'arrivée des premiers hommes sur le continent américain. Seraient-ils arrivés d'Asie, d'Europe, d'Océanie voire d'Afrique ?

Depuis quelques années tous les spécialistes sont d'accord pour affirmer que les ancêtres des hommes que découvrit Christophe Colomb en 1492 arrivèrent d'Asie par le détroit de Béring.

Toutefois des découvertes récentes laissent penser qu'un autre peuplement aurait pu arriver d'Europe, mais ce groupe n'aurait plus de descendants à l'heure actuelle.

Si on est pratiquement d'accord sur la provenance, par contre la date d'arrivée fait encore problème. Les plus anciens restes humains trouvés au Pérou et aux Etats-Unis ont un peu moins de 15000 ans. Mais des traces d'occupation humaine, principalement en Amérique du Sud, font remonter cette occupation à une date beaucoup plus ancienne. Des peintures pariétales en Argentine et au Brésil auraient plus de 20000 ans, des indices de séjour dans la région de Santarem en Amazonie brésilienne avoisineraient les 40000 ans. L'homme serait donc peut-être présent en Amérique depuis 50000 ans, voire davantage.

Pendant longtemps on a pensé que les premiers arrivants après avoir posé le pied en Alaska aurait petit à petit migré vers le sud pour atteindre la Terre de Feu plusieurs milliers d'années plus tard. Mais toutes les découvertes récentes mettent en évidence une occupation plus ancienne au sud du continent, contredisant ainsi cette hypothèse. D'autres spécialistes sont aussi arrivés à prouver que l'homme sait naviguer en mer depuis plus de 100000 ans. Contrairement à ce qui était admis, il se pourrait que les premiers découvreurs asiatiques étaient aussi des navigateurs. Ils auraient pu ainsi naviguer le long de la côte pacifique du continent et arriver jusqu'à son extrémité méridionale en seulement quelques années, celiui expliquerait l'antériorité de la présence humaine au sud de l'équateur

LA PREHISTOIRE PERUVIENNE

Il y a plus de 14000 ans des petits groupes de chasseurs et cueilleurs parcouraient la côte centrale du Pérou. Pour tout témoignage nous ne disposons que de grattoirs et de burins (cultures Red Zone et Oquendo), ainsi que quelques bifaces obtenus par percussion (culture Chivateros).

A la fin de la période glaciaire la Côte entre dans un processus de désertification. Les groupes humains se fixent alors à l'embouchure des rivières qui descendent des Andes. Les changements de climat ayant entraîné la disparition de la plus grande partie du gibier ces populations commencent à exploiter les ressources de l'Océan Pacifique, principalement les coquillages. Cette époque est aussi témoin des premiers essais agricoles. Vers 3500 avant JC les habitants de Chilca et Paracas produisent des calebasses, des haricots et du coton. Les populations andines récoltent l'amarante, le piment, la quinoa les courges, elles ont domestiqué le lama et le cobaye. 2500 ans avant JC la culture du maïs s'est répandue à travers tout le territoire.

Le développement de l'agriculture permet la sédentarisation et la concentration de populations, qui 2000 avant JC dominent la céramique et construisent leurs premiers monuments (Kotosh, La Florida, Rio Seco).

L'amélioration de l'alimentation favorise les regroupements humains et l'éclosion de centres de civilisations beaucoup plus élaborés. Le premier grand foyer culturel à imposer son rayonnement sera celui de Chavin dans les Andes septentrionales.

CHAVIN: CREUSET DE TOUTES LES CIVILISATIONS DE L'ANCIEN PEROU

Environ 1000 ans avant J.C., voire un peu plus, apparaît une nouvelle aire culturelle qui s'étend à partir des Andes centrales jusqu'aux régions proches de la forêt amazonienne et à la Côte Pacifique. Il ne s'agit pas encore d'un état, mais d'un ensemble de chefferies à caractère théocratique. De nombreux lieux de culte sont bâtis. Le principal est CHAVIN DE HUANTAR sur le versant oriental de la cordillère. Ce temple en pierre comporte de nombreuses sculptures, en particulier les fameuses têtes clouées dans les murs de l'édifice, la stèle Raymondi, l'Obélisque Tello le "lanzon" la représentation la plus ancienne cet ensemble, retrouvé dans la partie souterraine du temple.

La culture Chavin intègre des éléments venus des Andes et de l'Amazonie. Trois éléments jouent un rôle fondamental: le jaguar, le rapace (aigle ou condor), le serpent qui peut devenir éclair. Ces trois éléments mythiques et symboliques vont se retrouver dans toutes les civilisations qui succéderont à Chavin. Ils constituent les motifs principaux de la céramique très élaborée de cette époque, une céramique qui, par son réalisme, nous apporte de précieuses informations sur la vie et l'environnement des populations.

A la fin de cette période l'homme andin maîtrise suffisamment son milieu pour passer à de nouvelles formes de sociétés. De grands caciquats se développent, en même temps qu'apparaît la spécialisation des fonctions au sein de l'élite.

LES CIVILISATIONS DE LA CÔTE (100 avant JC à 600 après JC)

Tout au long de la côte, dans les vallées oasis se développent plusieurs civilisations séparées les unes des autres par d'immenses étendues désertiques. Ces petits états dont les capitales sont aussi des grands centres cérémoniels vont produire une céramique tout à fait remarquable par sa qualité artistique. Pour nous, ces céramiques, retrouvées principalement dans les sépultures, sont de véritables livres qui nous dévoilent une partie de la vie des anciens Péruviens. Soit par les formes, soit par la décoration tout a été représenté: les animaux, les plantes, l'architecture, les maladies, les scènes de la vie quotidienne, les outils et instruments utilisés, les comportements sexuels. A défaut d'écriture c'est grâce à ces représentations que nous pouvons reconstituer l'environnement de ces civilisations.

Parmi ces nombreuses cultures côtières deux sont particulièrement importantes: la culture NAZCA et la culture MOCHICA.

La culture NAZCA: cette aire culturelle va se développer pendant près d'un millénaire, avec une période d'apogée aux alentours du 4ème siècle. Situé dans le sud du Pérou cet état construisit un important centre cérémoniel. De nos jours les Nazcas sont surtout connus pour les mystérieuses lignes qu'ils tracèrent au milieu du désert et dont la signification nous reste encore inconnue. Des innombrables tombes retrouvées dans cette région on a exhumé de très nombreuses momies enveloppées dans de somptueux tissus et de superbes céramiques à la décoration très raffinée.

La culture MOCHICA: située dans le nord du Pérou, dans la région de Lambayeque, cette culture va probablement porter la céramique à son niveau le plus élaboré, tant par la qualité des formes que la précision de la décoration.

A la même période de nombreuses autres cultures fleurissent tout au long de la côte. Les plus remarquables sont les cultures RECUAY et VICUS

LES PREMIERS EMPIRES: TIAHUANACO ET HUARI

Au cours du premier millénaire de notre ère se constituent deux empires importants. Pendant longtemps on a voulu voir dans ces deux entités une seule et même culture avec deux capitales cérémonielles distinctes. Mais depuis quelques années la plupart des spécialistes sont d'accord pour affirmer qu'on a bien à faire à deux états distincts avec leurs caractéristiques propres.

TIAHUANACO tient son nom du principal centre cérémoniel situé à quelques kilomètres du lac Titicaca, sur le territoire bolivien actuel. Cet état se développe pendant un millier d'années au début de notre ère. C'est une théocratie qui fait ériger un gigantesque temple dans lequel se trouvait la célèbre porte du soleil, monument emblématique de cette civilisation, sur le fronton de laquelle est représenté un personnage mythique, probablement devenu "huaca" (intermédiaire entre les hommes et l'au-delà), que l'on retrouve dans la plupart des céramiques et tissages produit par cette culture. Ce temple, renfermant de nombreuses statues, est remarquable par la qualité du travail de la pierre. Cette civilisation disparaît vers l'an 1000, probablement suite à une sécheresse de plusieurs années.

HUARI, dont la capitale se situe près de l'actuelle Ayacucho, apparaît plus tardivement vers le 6ème siècle. A partir de cette région andine les Huaris partiront à la conquête de nombreuses régions pour finalement constituer un empire englobant une grande partie des Andes et de la côte sud du Pérou (absorbant entre autre Nazca et Pachacamac). Ce peuple construira de véritables cités dans lesquelles vivait non seulement l'aristocratie, mais aussi le peuple. Ces cités très structurées, comportant de nombreuses maisons à étage, étaient entourées d'une enceinte.

Les Huaris sont des artistes remarquables. On retrouve dans les céramiques des motifs empruntés à Tiahuanaco. Les tissages sont d'une haute qualité technique et artistique. Les motifs abstraits ou géométriques les rendent dignes de figurer dans une galerie d'art contemporain.

L'empire Huari, lui-aussi, disparaît petit à petit à la fin du premier millénaire.

LES ETATS REGIONAUX (900 à 1430 après J.C.)

Suite à la désintégration de l'Empire Huari la côte voit de nouveau fleurirent des états régionaux qui dans une organisation politique différente reprendront les acquis artistiques des civilisations précédentes en y apportant un peu de sang neuf. Parmi tous ces états: LAMBAYEQUE, CHANCAY, ICA c'est celui de CHIMU qui revêt un intérêt tout particulier. En effet si toutes les céramiques et les pièces d'orfèvrerie de ces différentes cultures sont d'une qualité artistique assez semblables la culture CHIMU nous a laissé une cité remarquable par sa dimension et son organisation: CHAN CHAN.

Le premier embryon d'état CHIMU apparaît dès le 9ème siècle, près de la ville actuelle de Trujillo. Profitant d'une vallée fertile il s'agrandit petit à petit avec des périodes de régression suite à des guerres avec ses voisins. Paradoxalement ce sont des modifications climatiques défavorables qui engendrent son extension. Au 12ème siècle un Niño important et des mouvements tectoniques font baisser considérablement la production agricole, l'état Chimu n'est alors plus autosuffisant. Pour survivre il doit développer des échanges avec les peuples d'autres régions. Ces activités de commerce et d'échange vont dynamiser la civilisation Chimu et lui donner un rayonnement important dans tout le Nord du Pérou.

La capitale, Chan Chan, construite en adobe (terre crue) se modifiera au gré du développement de l'état et des aléas climatiques. Sans cesse partiellement détruite, agrandie, remodelée, c'est l'une des plus importantes cités du Nouveau Monde; à son apogée elle occupe une superficie de 20 km². Dans cette immense ville résident l'élite politique et religieuse, mais aussi les commerçants, les serviteurs et les artisans. Chaque catégorie occupe un secteur spécifique, reflet de la division de la société Chimu en castes. Tous les murs de séparation et les bâtiments sont richement décorés avec des hauts reliefs faits de motifs d'inspiration locale (poissons, pélicans...) La société Chimu produira un nombre impressionnant de céramiques, généralement moulées.

Cet état sera finalement intégré à l'Empire Inca en 1470, mais il conservera jusqu'à la conquête espagnole des caractéristiques propres extrêmement marquées.

L'ORIGINE DES INCAS

Tous ceux qui s'intéressent aux civilisations précolombiennes se trouvent confrontés à une difficulté majeure: l'absence d'écriture. Pour essayer de reconstituer l'histoire il faut donc faire appel à l'archéologie, aux légendes et aux récits recueillis par les conquistadores. Cette imprécision des sources donne lieu à des explications et des chronologies différentes suivant les auteurs.

D'après la légende un couple originel, Manco Capac et Mama Ocllo, seraient sortis des eaux du lac Titicaca accompagnés de trois autres couples constitués par leurs frères et sœurs: Ayar Cachi et Mama Cora, Ayar Auca et Mama Huaco, et Ayar Uchu et Mama Rahua. Ces quatre couples partent en direction du Nord. Après avoir traversé une zone semi-désertique de l'Altiplano ils arrivent dans des vallées verdoyantes. Après un séjour dans une grotte à Pacarectampu les Ayars reprennent leur odyssée sous la conduite de Manco Capac muni d'un bâton en or qui permettra de trouver le nombril du monde, la terre promise. Plusieurs années plus tard ils arrivent sur le Huacaypata, c'est là que le bâton magique s'enfonce dans le sol, désignant ainsi la fin du voyage.

Derrière cette légende on peut retrouver une possible origine historique des Incas. Au début du 11ème A la fin de l'Empire Tiahuanaco situé près du lac Titicaca, probablement causée par une grande sécheresse, les populations partent à la recherche de terres plus hospitalières, non affectées par ce désastre climatique. Un groupe serait arrivé dans la vallée de Cuzco, en se mêlant aux populations déjà installées il donnera plus tard naissance à ce peuple qui prendra pour nom: les Incas.

LA MARCHE VERS LA CONSTITUTION D'UN ETAT INCA

Lorsque les premiers Incas arrivent dans la région de Cuzco, celle-ci est déjà occupée par différents groupes: les Ayamarca, les Hualla, les Quechuar, les Quispicanchi, les Allkawisa, les Sawasiray... De tous ces groupes ethniques le plus important était les Ayarmaca installés à Acamana qui deviendra plus tard Cuzco. Ce groupe fut en lutte permanente avec les Incas jusqu'à leur défaite définitive au début de la constitution de l'Empire Inca.

Tous ces groupes, qui se sont formés après la disparition de l'Empire Huari, occupent de petits territoires séparés les uns des autres par de courtes distances. Les conflits engendrés par le désir de domination ne sont en fait que de brèves escarmouches.

Les Incas constituent avec les Sawasiray, les Maras et les Allkawisa une confédération dans laquelle ils jouent un rôle mineur. Cette confédération était divisée en deux moitiés: Hanan la moitié du Haut et Hurin celle du bas constituée essentiellemees par les Incas qui occupaient la fonction militaire. Sous Sinchi Roka les Incas utilisent cette fonction militaire pour lancer des raids contre les villages environnements et ainsi renforcer leur position au sein de la confédération, qui deviendra dominante sous Inka Roka. Vers 1400 Wirakocha Inka affirme la supériorité inca et envahit de nombreux territoires voisins. Cette prise de pouvoir marque le véritable début de l'état Inca.

Pour marquer leur victoire les Incas transportent la statue de Manco Capac dans le haut de la ville et imposent à l'ensemble de leurs alliés le culte du Soleil qui deviendra l'élément fédérateur du futur empire.

Ce nouvel état est une puissante qui compte dans le sud andin, mais son influence reste limitée puisque les limites de cette entité se situent à une quarantaine de kilomètres de Cuzco. Pourtant c'est à partir de ce micro état que se constituera en quelques décennies le plus grand empire sud américain.

FORMATION ET DEVELOPPEMENT DE L'EMPIRE INCA

Face au jeune état inca il n'y a plus, dans les Andes Centrales, qu'une ethnie capable de le dominer, ce sont les Chanka. Cette ethnie alliée à d'autres forment une vaste confédération dont l'influence s'étend à un important territoire.

En 1438 les Chanka envahissent une partie des terres inca. Wirakocha juge que la résistance est inutile, il abandonne sa capitale pour se réfugier dans la forteresse de Calca. Mais un de ses fils, Pachacutec, décide de résister. Malgré un rapport de force défavorable aux Incas les Chanka sont battus. Pachacutec dépose son père, puis, secondé par son frère Kapa Yupanki, occupe la plupart des possessions Chanka. A partir de cette date les deux frères partent à la conquête de tous les territoires environnants et bien au-delà.

Pachacutec domine les Kolla et les Lupaka du lac Titicaca. Kapa Yupanki se lance dans une folle entreprise d'annexion qui le mène jusqu'à Cajamarca à 1000 km de la capitale. Pachacutec effrayé par l'importance que prend son frère le fait assassiner.

Le souverain confit à un autre de ses frères, Tupa Yupanki, la consolidation des territoires conquis et la poursuite de l'extension en direction du Nord. Tupa Yupanki, après avoir soumis toutes les populations autour de Cajamarca, s'engage en direction de la côte pour affronter les Chimu. La prise de Chan Chan, capitale des Chimu, est très rapide car les Incas ont réussi à contrôler l'alimentation en eau de cet état entièrement dépendant de l'irrigation.

Tupa Yupanqui continue son entreprise en direction de Quito. Après cette dernière conquête il retourne à Cuzco avec un impressionnant butin de guerre, et surtout fort de ce qu'il a appris des Chimu dont la civilisation était infiniment plus raffinée que celle des frustres Incas.

Au cours de toutes ces années Pachacutec est resté à Cuzco qu'il a entièrement remodelé. C'est lui, aussi, qui a mis en place la formidable organisation administrative de l'empire. Mais face à la gloire de son frère il doit céder le pouvoir à celui-ci.

Devenu empereur Tupa Yupanqui continue l'extension du territoire inca en annexant les états de la côte sud ainsi qu'une partie des contreforts amazoniens. En 1480 une partie de son armée parachève l'extension de l'empire en se rendant maître du sud de la Bolivie et du nord du Chili et de l'Argentine. Il finira assassiné en 1493. Ses successeurs se contenteront de soumettre les Cañaris d'Equateur avant d'être balayés par l'arrivée des Conquistadores.

LES SOUVERAINS INCAS

EMPIRE LEGENDAIRE

On n'a aucune certitude que ces personnages aient réellement existé

· Manco Capac................................................Xème siècle

· Sinchi Roca................................début du XIIème siècle

· Lloque Llupanqui.......................milieu du XIIème siècle

· Mayata Capac - fin du XIIème...début du XIIIème siècle

· Capac Yupanqui..............................fin du XIIIème siècle

EMPIRE HISTORIQUE

· Inca Roca...................................début du XIVème siècle

· Yahuar Huacac.........................moitié du XIVème siècle

· Viracocha Inca................................fin du XIVème siècle

· Pachacutec.....................................................1438 - 1471

· Tupac Yupanqui.............................................1471 - 1493

· Huayna Capac................................................1493 - 1525

· Huascar...........................................................1525 - 1532

· Atahuallpa.......................................................1532 - 1533

INCAS DE VILCABAMBA

Empereurs nommés après la conquête espagnole et qui n'ont donc pas régné

· Manco Inca.....................................................1533 - 1544

· Sayri Tupac....................................................1544 - 1561

· Titu Cusi.........................................................1561 - 1569

· Tupac Amaru.................................................1569 - 1572

ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE L'EMPIRE

Tout comme le fondateur mythique, Manco Capac, l'empereur est un orphelin qui ne possède rien lorsqu'il arrive au pouvoir. Chez les Incas à la mort du chef suprême celui qui prend la succession doit renoncer à toute forme de filiation et d'héritage. Chaque nouvel empereur doit en quelque sorte conquérir et construire son pouvoir. Chaque nouveau règne est le début d'une nouvelle lignée. Ce système conduira très souvent l'empire à des périodes de troubles importants lors du changement de souverain.

Les Incas n'inventent pas la totalité de leur organisation, mais reprennent bons nombres de structures existantes dans les territoires conquis.

La ville de Cuzco est divisée depuis toujours en 4 parties, chacune administrée par un chef distinct. L'Empire étendra cette division à la totalité du territoire. Les 4 sections: Chinchasuyu, Antisuyu, Cuntisuyu et Collasuyu, composent ensemble le Tahuantinsuyu.

L'ensemble de l'état est divisé en structures de plus en plus petites pour arriver jusqu'à celles de base comprenant une dizaine de familles. L'organisation territoriale aussi bien que l'administration est organisée de façon pyramidale, une pyramide au sommet de laquelle se retrouve l'Inca.

Pour pouvoir contrôler et administrer l'Empire on construit tout un ensemble de routes, généralement empierrées qui sillonnent les Andes et la Côte. Elles servent à faire circuler les marchandises, les hommes, les soldats, mais aussi l'information. Grâce à un système de messagers qui se relaient, les Chasquis, les nouvelles circulent d'un bout à l'autre de l'Empire en un temps record (8 jours de Quito à Cuzco). L'Inca est ainsi au courant presque en temps réel de tout ce qui se passe dans son état, d'autant plus facilement que dans chaque entité administrative il possède un représentant.

L'état Inca est donc avant tout une formidable machine administrative qui par sa rigueur et l'importance des moyens mis en œuvre sera capable de maintenir une cohésion importante sur un territoire aussi vaste et aussi disparate.

L'AYLLU BASE DE L'ORGANISATION SOCIALE ANDINE

L'Ayllu ne s'est pas imposé avec la domination inca, il existait chez la plupart des tribus andines.

Un Ayllu correspond à un village. Le territoire de l'Ayllu, appelé marka, couvre souvent de grands dénivelés puisque certains s'étirent depuis les basses terres tropicales jusqu'aux sommets andins.

A la tête de chaque Ayllu se trouve un kuraka généralement descendant du fondateur de la communauté. La vénération d'une divinité tutélaire la waka renforce la cohésion sociale. Le kuraka s'occupe entre autre de l'attribution des terres. En effet la marka est la propriété de l'ensemble de l'Ayllu. Les pâturages d'altitude sont utilisés librement par chaque famille qui y fait paître ses lamas et alpagas. Par contre les terrains agricoles sont attribués en usufruit à chaque famille en fonction de ses besoins. Après la disparition de la famille ces terres sont réintégrées au fond commun. La production quant à elle est privée, mais entre les familles existent un système d'entraide l'ayni.

Nombre de tâches sont consacrées à la communauté. Tous les hommes adultes (c'est-à-dire mariés) doivent une période de travail, appelé mita, au profit du kuraka. Durant la mita le kuraka a l'obligation de prendre totalement en charge les personnes qui travaillent pour lui. En contrepartie de cette mita dont il bénéficie le kuraka doit assistance, sur ses propres ressources, à tous les démunis: les veuves, ceux qui sont victimes de mauvaises récoltes...

Chacun doit aussi participer aux tâches collectives que sont par exemple l'entretien des chemins ou des réseaux d'irrigation.

La notion de tribut n'existe pas, il n'existe aucune forme d'impôt.

Pourtant ce système n'était pas parfait. Nombre de kurakas se sont enrichis grâce à la mita, ceux formaient une véritable caste supérieure les kapa, polygames, vivant dans l'opulence, transmettant à leur descendance position titres et richesses.

LA PRODUCTION AGRICOLE

L'économie de l'Empire Inca est avant tout fondée sur l'agriculture. Les ayllus sont les principaux centres de production.

Lorsque les Incas fondent leur empire il y a déjà de nombreux siècles que les ethnies andines ont développé une production agricole variée. Contrairement à ce qui se passe actuellement les vallées ne sont pratiquement pas exploitées car elles servent de limites entre les différentes communautés. L'agriculture est donc surtout une agriculture de montagne.

La base de la production et par conséquent de l'alimentation c'est la pomme de terre et de nombreux autres tubercules: ulluku, mashwa, oka... Les tubercules étant très sensibles aux conditions climatiques la récolte n'est jamais garantie. Pour cette raison ont été développées des techniques de conservation basée sur la déshydratation; le chuñu, pomme de terre déshydratée peut se conserver plusieurs années.

La principale céréale est la quinoa riche en sels minéraux et en protéines qui peut se cultiver jusqu'à 4000 m d'altitude.

Le maïs, autre plante d'origine américaine, requiert des conditions spécifiques de température et d'apport en eau. De ce fait cette céréale fort appréciée ne peut pousser que dans des endroits biens spécifiques, principalement les flancs des vallées. Aussi cette plante était-elle souvent réservée aux fêtes et aux offrandes. Les Incas encouragèrent sa culture pour faire face aux besoins alimentaires de la population. La plupart des fameuses terrasses incas ont été construites pour permettre sa culture.

Dans les zones appropriées les populations cultivaient aussi les haricots, les courges, les tomates, les cacahuètes, les piments, et dans les parties basses la coca. Cette plante joue un rôle très important, car outre que sa feuille est mâchée, elle est indispensable à tous les rituels. Toute cérémonie comporte une offrande de coca à la Pachamama, la terre mère.

Lamas et alpagas sont élevés pour la viande et pour leur laine utilisée pour le tissage des vêtements.

Les échanges commerciaux se font sur la base du troc puisque cette société ignore l'usage de la monnaie.

Dans chaque communauté une partie des terres est cultivée au profit des prêtres et de l'Inca.

CUZCO, CAPITALE DE L'EMPIRE

Lorsque les Espagnols s'emparèrent de la capitale de l'Empire Inca ils furent surpris par sa dimension et son organisation.

Pachacutec transforme cette simple bourgade de cabanes en une ville de 60000 habitants.

L'édifice principal de la ville est le Korikancha, le temple du soleil, entièrement construit en pierres parfaitement ajustées. L'or (qui n'a aucune valeur pour les Incas) s'y trouve à profusion; il recouvre certains murs et est utilisé pour les statues du jardin. La représentation de l'astre divin est faite avec ce métal entouré de pierres précieuses...

La place principale de la ville est entourée des principaux palais. La plupart des édifices sont en pierres très bien travaillées.

La ville proprement dite est surmontée par le site de Sacsawaman, forteresse ou lieu de culte, un ensemble mégalithique impressionnant, et qui serait la tête d'un puma dont le corps est constitué par la partie basse de la cité...

Plus qu'un centre administratif Cuzco est le cœur spirituel et religieux de l'Empire. C'est le pivot autour duquel se sont construits les mythes fondateurs et fédérateurs. C'est en son cœur que l'Empereur ordonne le chaos en mettant en contact les univers des dieux, des hommes et des morts.

Pourtant sous le règne de Wayna Capac la mythique Cuzco perd de son importance au profit de la nouvelle Tumipampa bâtie au Nord de l'Empire. Ce transfert peut-être marque-t-il l'avènement d'une nouvelle ère, celle d'un empire multi-ethnique au détriment du monopole Inca.

LE CULTE DU SOLEIL CIMENT DE L'EMPIRE

Pour les Incas et nombre de leurs prédécesseurs VIRACOCHA (qui prend le nom de PACHACAMAC sur la côte) est la divinité créatrice qui serait sortie du Lac Titicaca pour créer la vie et les hommes. Ce dieu déjà au centre de la porte du soleil à Tiahuanaco est au sommet du panthéon inca. Mais curieusement peu de temples lui sont consacrés, son culte reste l'apanage d'une élite.

Les Incas, peuple très religieux comme tous les peuples de l'ancien Pérou, choisissent de développer le culte d'INTI, le soleil, qui plus qu'une divinité est un ancêtre totémique. D'ailleurs son culte ne survivra pas à l'effondrement de l'Empire.

Ce soleil ancêtre commun à toute la tribu a, en toute logique, pour représentant sur terre l'Inca lui-même.

A travers tout l'empire des temples lui sont consacrés. Le principal étant bien évidemment le Korikancha de Cuzco. De nombreuses personnes sont au service de ces temples et du culte. Les prêtres sont chargés des rituels et des sacrifices. Ils sont chargés des nombreuses cérémonies qui jalonnent le cours de l'année. Les VIERGES DU SOLEIL sont des jeunes filles qui ont été enlevées à leur famille pendant leur enfance; certaines d'entre elles font office de concubines de l'empereur, d'autres sont employées dans les ateliers de tissage, et le dernier groupe se consacre totalement au temple en restant cloîtrées jusqu'à la fin de leurs jours.

Tout peuple conquis par les Incas est tenu d'adopter le culte du Soleil. C'est en fait un instrument mis à profit par l'Inca pour imposer sa volonté et asseoir son pouvoir.

Le Soleil n'est pas le seul astre qui soit vénéré. Il y a aussi des cultes à la Lune, à Vénus, aux Pléiades.

Mais au quotidien le peuple se tourne plutôt vers des divinités secondaires, aux attributs bien précis, et que l'on implore pour résoudre les problèmes de la vie de tous les jours.

Les Apus, les montagnes, sont des lieux de culte privilégiés. Les sommets andins sont vénérés et servent d'autels à sacrifice pour les différentes divinités. Dernièrement on a retrouvé des témoignages de cérémonies s'étant déroulées sur des sommets à près de 6000 m d'altitude

L'ORDRE SOCIAL INCA

INCA et COYA

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OREJONES

Noblesse de sang et de privilège: Panaca ou lignage impérial et parentèle de l'Inca - Grands seigneurs et guerriers

Noblesse territoriale: Curacas, grands fonctionnaires de l'état, gouverneurs, administrateurs

Aristocratie sacerdotale: Vierges du Soleil, les femmes choisies de l'Inca, les prêtres

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ELITE

Artisans qualifiés, quipucamayocs, chasquis, colons loyaux, gens honorables

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HATUN RUNAS

La majorité des gens du peuple

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CLASSE INFERIEURE

Mitmaes (clans déportés)

Yanaconas (personnes déchues en punition)

LES QUIPUS AU SERVICE DE LA STATISTIQUE INCA

Les Incas comme tous les peuples d'Amérique du Sud ne possédaient pas d'écriture, pourtant le bon fonctionnement de l'empire dépendait en grande partie de statistiques élaborées et d'un art de la prévision abouti.

Sur l'ensemble du territoire tout est comptabilisé, répertorié. Il faut connaître la population, la production afin de garantir à tous le minimum vital et pouvoir anticiper les besoins. On répertorie donc les habitants (recensement tous les deux ans), les animaux, les productions agricoles et artisanales, les stocks. Toutes ces données remontent jusqu'à la tête de l'état et sont centralisées pour avoir une vision globale de la situation du pays.

A défaut d'écriture les Incas vont développer un système inédit d'enregistrement des données: le QUIPU.

L'élément de base du quipu est un fil, de laine, de coton, de fibre d'agave, voire de cheveu, sur lequel on fait des nœuds. La position et la forme de ceux-ci donnent des indications sur l'élément répertorié et la quantité. La grosseur et la couleur du brin sont aussi des éléments de classification. Toutes ces cordelettes sont réunies entre elles dans un grand ensemble formant un faisceau que seuls des experts les Quipucamayocs sont capables d'utiliser pour réunir les données et les interpréter quand c'est nécessaire.

Par cette méthode les administrateurs de l'Empire possèdent une véritable base de données. On connaît le nombre d'habitants par sexe et par âge, mais on a aussi des informations sur leur état de santé. La laine est répertoriée par couleur. Même la quantité d'excréments séchés de lama (le principal combustible domestique) est connue! Il semble que certains quipus servent même à enregistrer des dates importantes de l'histoire.

Ce système très élaboré de l'art de la statistique et de la prévision, associé à l'imposition d'une langue de communication unique (au quotidien les populations continuent à parler une multitude de langues) le QUECHUA explique en grande partie la solidité d'un empire aussi vaste et aussi composite.

L'ARCHITECTURE INCA

La civilisation inca fut probablement de trop courte durée pour pouvoir apporter une évolution importante des arts et des techniques.

La consolidation et la gestion de l'Empire emploient beaucoup d'hommes, d'énergie et de compétences. Les Incas utilisent donc plutôt les savoirs existants, ainsi que ceux des peuples soumis; ce ne sont pas de grands innovateurs.

Pourtant il y a un domaine pour lequel on peut considérer qu'il y a un "avant" et un "après" inca, c'est celui de l'architecture. Il y a un changement important par rapport au passé, non pas tant par le type de construction, mais davantage par l'incroyable qualité du travail des matériaux utilisés. Aucune civilisation dans l'histoire de l'humanité n'a travaillé la pierre avec la précision des Incas.

Ce qui frappe le visiteur c'est l'uniformité de l'architecture inca; on a l'impression qu'il y a eu un seul architecte!

Ce savoir-faire est utilisé dans tous les domaines de la vie. De l'agriculture au sacré toutes les composantes de la nation bénéficie de ce savoir-faire. Ce sont les impressionnants réseaux de canaux d'irrigation, utilisés jusqu'à aujourd'hui, qui permettent l'agriculture dans des zones semi-désertiques. C'est l'incroyable réseau routier de 40000 km qui sillonne l'empire et franchit les obstacles andins grâce à des ponts suspendus ou en pierre. Ce sont les indispensables forteresses qui protègent le pays des invasions. Ce sont les palais et les temples souvent recouverts d'or et d'argent.

Evidemment on distingue de suite une simple maison d'un palais à la différence de qualité du travail de la pierre.

Tous les bâtiments ont recours au même type d'architecture, à savoir des murs inclinés vers l'intérieur et des ouvertures trapézoïdales. Les murs extérieurs peuvent être plans ou circulaires (le Korikancha par exemple) Par contre l'incapacité à construire des voûtes oblige les artisans incas à ne poser que de simples toits de chaume au-dessus de ces murs si parfaits.

LES SITES DE LA REGION DE CUZCO

La région de Cuzco, cœur de l'Empire Inca, est la plus riche en sites, qu'il s'agisse de palais, de forteresses ou de centres religieux.

Dominant la ville la "forteresse" de SACSAWAMAN est le site qui pose le plus de problème quant à sa fonction. Certes ses imposants murs faits de pierres pouvant peser plus de 200 tonnes derrière lesquels se réfugièrent les Incas pour résister aux envahisseurs espagnols font penser à un édifice militaire. Pourtant sa topographie et l'absence d'armes lors des fouilles qui ont été effectuées incitent à penser qu'il s'agit d'un grand centre de culte.

QUENKO est à l'évidence un centre cérémoniel comportant plusieurs lieux d'offrandes et de sacrifices, dont un souterrain.

TAMBO MACHAY combine sacré et fonctionnel. Une source est captée pour des cérémonies d'ablution et de purification, puis s'écoule à travers un réseau de canaux d'irrigation.

Mais incontestablement les deux sites majeurs sont PISAC et OLLANTAYTAMBO.

PISAC perché sur une crête est une véritable cité avec ses quartiers bien distincts suivant les fonctions des résidents. Le centre cérémoniel, bâti autour de l'Intiwatana, est construit en pierres taillées à la perfection. Quant aux terrasses qui entourent le site, elles sont certainement l'une des plus belles réalisations dans ce domaine.

OLLANTAYTAMBO par sa position est un excellent point d'observation. Ce site au cœur d'une région agricole importante, contrôle l'accès au bassin amazonien et pour des raisons climatiques est un lieu de stockage des produits agricoles. Il joue un rôle majeur pour la compréhension des techniques de construction utilisées par les Incas car jusqu'à aujourd'hui la rampe qui a permis de monter les énormes blocs de pierre jusqu'au sommet de la montagne est toujours en place, ainsi que les centres de travail et de polissage des pierres.

Mais aucun de ces sites n'a atteint la célébrité de la cité de Machu Picchu, emblème de toute la civilisation inca

MACHU PICCHU EMBLEME DE L'EMPIRE INCA

De tous les sites incas, voire précolombiens, MACHU PICCHU est certainement le plus célèbre. Pourtant ce n'est pas le plus abouti du point de vue architectural. Mais son intégration parfaite dans un cadre naturel grandiose, dominé par le Huayna Picchu, est un modèle de réussite esthétique globale. Entouré des Apus, les montagnes sacrées auxquelles on rendait un culte important, la cité perdue des Incas est une magnifique pierre précieuse enchâssée dans le plus beau des écrins.

Pourtant cette célébrité n'empêche pas qu'il soit l'un des plus méconnus de tous les sites de la région. Inconnu des Espagnols, il fallut attendre le 24 juillet 1911 pour que Hiram Bingham, grâce à des informations recueillies auprès des locaux, le fasse connaître au monde. De ce fait nous ne possédons aucun témoignage quant à sa fonction au temps de sa splendeur.

Probablement construit peu de temps avant la chute de l'Empire (peut-être même postérieurement?) la plupart des constructions sont en pierres sommairement taillées. Seul le temple du Soleil a été réalisé avec soin.

Invisible du fond de la vallée de l'Urubamba (le début de l'Amazone) il permet de contrôler cette vallée étroite par laquelle pouvaient remonter des populations amazoniennes hostiles aux Incas.

Grâce aux terrasses, qui ont été en partie dégagées, on peut faire une estimation de la production agricole et donc du potentiel humain possible. A partir de ces données les spécialistes pensent qu'environ 300 personnes vivaient à cet endroit

Au cours des fouilles on a trouvé surtout retrouvé des ossements féminins. Serait-ce un refuge des Vierges du Soleil?

C et ensemble est directement relié à Cuzco par un sentier (aujourd'hui très fréquenté par les touristes!) donnant accès à l'entrée principale depuis le haut.

Unique par son esthétique Machu Picchu n'est pas le seul ensemble de ce style. On a retrouvé au cours de ces dernières années plusieurs cités bâties sur le même modèle.

Et si finalement Machu Picchu n'était qu'une ville parmi d'autres ne serait-ce pas cela le plus étonnant?

LES ARTS ET LES SCIENCES

Dans le domaine artistique les Incas n'atteignent pas le niveau de la plupart de leurs prédécesseurs, comme si leur souci d'efficacité les avait empêchés de laisser libre cours à leur imagination.

Les céramiques sont richement colorées et ornées de motifs géométriques sans grandes variantes. Les formes sont finalement plus variées que les ornements. Comme dans toutes les civilisations précolombiennes c'est la céramique funéraire qui est la plus élaborée.

Par contre les Incas se distinguent des autres cultures par l'utilisation plus importantes du bois (ce qui suppose des échanges avec l'Amazonie), en particulier pour le façonnage des keros, sortes de verres ou de vases tronconiques, souvent ornés de peintures figuratives.

Des Chimus ils apprirent l'art de l'orfèvrerie, toutefois sans arriver à les égaler. Ils travaillent l'or, l'argent, le cuivre, l'étain, le platine, et sont capables de réaliser de nombreux alliages dans des fours à haute température les huayras. Les objets et bijoux sont élaborés par martelage, soudure et la technique de la cire perdue. Une grande partie de cette production sert à orner les temples et à couvrir de bijoux les dignitaires de l'Empire qui en sont parés en fonction de leur rang social.

L'absence d'écriture a contraint les Incas à pratiquer une littérature orale. Les amawtas sont les dépositaires et les transmetteurs des récits historiques et légendaires. La richesse de la langue quechua a permis un développement important de la poésie.

Cette littérature fut le premier moyen pour les conquérants de recueillir de recueillir des bribes de l'histoire andine.

Cette absence d'écriture est aussi un frein important pour l'acquisition de véritables connaissances scientifiques. Les Incas possèdent quelques connaissances en astronomie et grâce à un système d'abaque ils réalisent quelques calculs simples. Cette méconnaissance rend encore plus admirables leurs réalisations architecturales

Le domaine dans lequel ils sont probablement plus compétents que leurs homologues européens de l'époque c'est la médecine. Leur connaissance des plantes est très poussée, la pharmacopée qu'ils en tirent est remarquable et efficace pour guérir de nombreux problèmes de santé. Ils pratiquent même la trépanation.

FIN DE L'EMPIRE INCA, LA CONQUETE ESPAGNOLE

En 1528 l'empereur Hayna Capac meurt à Tumipampa (Equateur), nouveau siège du pouvoir impérial. Parmi sa nombreuse descendance deux de ses fils sont susceptibles de lui succéder: Atahualpa qui l'a accompagné dans le Nord de l'empire, et Huascar son demi-frère restait à Cuzco. La noblesse cuzquénienne profite de l'incertitude de cette succession pour pousser en avant Huascar et ramener le pouvoir dans la ville matrice de l'empire. Atahualpa n'éprouve aucune envie de retourner à Cuzco, même si cela doit lui coûter le trône. C'est donc Huascar qui est intronisé.

Mais la lignée de Pachacutec à laquelle appartient Atahualpa pousse celui-ci à tenter de reprendre le pouvoir. C'est donc une lutte fratricide qui s'engage. Finalement Huascar est tué au combat. Le pouvoir revient donc à Atahualpa. Mais alors que celui-ci monte sur le trône d'étranges hommes barbus qui avaient reconnu depuis les côtes nord depuis 1524 débarquent en avril 1532 à Tumbes. Francisco Pizarro à la tête de 180 aventuriers part à la conquête du plus vaste empire du continent.

Parmi tous les peuples conquis par les Incas nombreux sont ceux qui n'apprécient pas le joug de leur nouveau maître, aussi n'hésitent-ils pas à s'allier aux nouveaux arrivants. C'est donc à la tête d'une véritable armée que Pizarro arrive à Cajamarca où se trouve Atahualpa. Celui-ci tellement sûr de sa supériorité ne se méfie pas et accepte de rencontrer le chef espagnol. Pizarro sans aucun scrupule le fait arrêter, et malgré le versement d'une importante rançon en métaux précieux le fait exécuter.

Avec la mort d'Atahualpa, dans un système aussi hiérarchisé, c'est tout le pays qui devient orphelin et s'effondre. La route de la conquête est ouverte, les conquistadores partent en direction de Cuzco, dont ils se rendront maître après de durs combats. Le temps des Incas est terminé, et les Espagnols avides de richesses et imbus de leur supériorité feront tout pour faire disparaître toute trace de ce vaste empire.

La population ravagée par les maladies arrivées d'Europe et les mauvais traitements ne pourra jamais, jusqu'à aujourd'hui, retrouver sa splendeur et surtout sa dignité.

LES INCAS AUJOURD'HUI

D'une telle civilisation qui domina un territoire aussi vaste est-il raisonnable de croire que toute trace ait disparu?

Un élément important de cette civilisation survit toujours: la langue. Le Quechua, langue officielle de communication à l'intérieur de l'Empire, continuera à se développer après la disparition de celui-ci. Les missionnaires prendront vite conscience de l'importance de cet outil pour l'évangélisation des Indiens. C'est donc en Quechua qu'ils convertiront des millions de personne de gré ou de force. Résultat: aujourd'hui ce sont 7 millions de sud américains qui parlent Quechua, depuis la Colombie jusqu'au Nord de l'Argentine.

Autre structure qui a subsisté, surtout en Bolivie, c'est l'ayllu, cette organisation villageoise basée sur la solidarité de l'ensemble de la communauté. La privatisation des terres n'a pas encore réussi à le faire disparaître. Il sert même souvent de modèle pour développer de nouvelles structures solidaires.

Il est pratiquement impossible de faire disparaître d'un coup de baguette magique des croyances enracinées depuis des siècles dans les consciences. Certes les descendants des Incas ont adopté un catholicisme de surface, mais en grattant ce vernis on s'aperçoit que les cultes contemporains sont simplement plaqués sur les croyances venues du plus lointain passé de l'Homme Américain.

Peut-être avec des arrières pensées mercantiles, ou par une tentative de récupération intellectuelle, certains tentent de faire revivre certaines coutumes anciennes. La fête de l'Intiraymi, qui se déroule à Cuzco chaque 24 juin, est un bel exemple de cette ambiguïté.

Les états andins ne paient-ils pas un lourd tribut au fait d'avoir toujours refusé ce métissage culturel. Les sociétés contemporaines ne se porteraient-elles pas mieux si elles arrivaient à intégrer ce double héritage pour construire un monde dans lequel chacun retrouverait ses repères?


CONFERENCE ET EXPOSITION

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Au cœur des Andes péruviennes, dans un décor haut en couleurs, avec vue sur les plus beaux sommets de la région du Machu Picchu, une petite citadelle de 6 km2, perchée à près de 3 300 m d'altitude, dissimulait son histoire sous la végétation luxuriante, à l'abri des regards... jusqu'à il y a encore dix mois. Peter Frost, écrivain-photographe anglais, Alfredo Valencia Zegarra, archéologue péruvien et Scott Gorsuch, explorateur américain viennent d'annoncer la découverte, au terme d'une marche difficile de quatre jours, l'un des derniers bastions de l'Empire inca au sud du Pérou. Lieu de résistance contre l'envahisseur espagnol, le site aurait été abandonné après la chute de l'empire et oublié jusqu'en juin dernier. Epargné par le contact avec les civilisations modernes, la citadelle, appelée Corihuayrachina, pourrait "révéler une chronique de la civilisation incaïque depuis ses origines jusqu'à son extinction" souligne les heureux découvreurs.

Selon les premiers repérages, Corihuayrachina se composerait d'une centaine de ruines révélant des habitations de forme circulaire, des greniers, des plates-formes destinées aux cérémonies religieuses, des cimetières, des tours funéraires mais aussi des canaux pour l'adduction d'eau et des terrasses. Selon Peter Frost, il est fort probable que cet emplacement avait été délibérément choisi par les Incas pour au moins deux raisons : la présence des mines d'argent à proximité et un cadre géographique se prêtant parfaitement aux rites religieux. L'endroit offre effectivement une vue unique sur les pics enneigés, source d'adoration pour les Incas, et fait office d'observatoire idéal pour l'étude des cycles solaires et célestes, à la base de leur calendrier.

Les connaissances sur la civilisation inca et sur cette période historique promettent d'être largement enrichies par cette découverte majeure, voire inespérée, rendue publique lundi 18 mars 2002. (Information publiée par TREK MAGAZINE) Autre article sur cette découverte

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