AMÉRIQUE CENTRALE - COMMUNIQUÉ - Caravane de mères de migrants disparus 2017

Mouvement des migrants d’Amérique centrale

mercredi 6 décembre 2017, mis en ligne par Françoise Couëdel

Lundi 27 novembre 2017, Mexico - Mouvement des migrants d’Amérique centrale.

4 000 km de recherches, de résistance et d’espérance.
À la mémoire d’Alberto Donis

Le 1er décembre se met en marche la treizième « Caravane des mères de migrants disparus », organisée par le Mouvement des migrants d’Amérique centrale, avec la collaboration de nombreuses organisations sociales mexicaines, centraméricaines et d’activistes défenseurs des droits humains.

Du 1er au 18 décembre aura lieu la treizième « Caravane des mères de migrants disparus ». Elle pénétrera dans le pays par la frontière de Ciudad Hidalgo, au Chiapas, pour entamer un parcours de 4 000 kilomètres en suivant la route migratoire, à la recherche de ses enfants, filles et fils disparus. La caravane traversera 12 États et 22 localités du Mexique, pour protester contre la disparition de ses êtres chers et la violence que des milliers de migrants endurent lors de leur traversée du pays. Tout au long de sa mobilisation la caravane des mères dénoncera quelques-uns des principaux éléments qui mettent en évidence l’insécurité extrême dont pâtissent les migrants quand ils traversent les frontières

La montée de politiques d’extrême droite aux États-Unis et en Europe encourage des prises de positions qui ouvrent la voie à une rhétorique anti-immigrant, à la haine et la xénophobie. La propagation de cette idéologie s’explique par un contexte de crises migratoires qui sont les conséquences dévastatrices des guerres et des interventions des pays les plus puissants à l’encontre des plus vulnérables. Les conséquences de ces interventions conjuguées à des guerres civiles, l’insécurité économique, et le changement climatique, ont eu pour effet des déplacements de millions de personnes et de nombreuses crises humanitaires sur les frontières des pays les plus prospères du monde.

Selon les Nations unies, chaque année 500 000 personnes environ traversent la frontière sud du Mexique. La plupart d’entre elles viennent du Triangle nord de l’Amérique centrale, région frappée par une violence généralisée et une inégalité économique. L’insécurité économique et l’impact négatifs de mégaprojets d’extraction de minerais et d’autres ressources ont engendré une situation de violence structurelle et des déplacements forcés. Cette précarité économique est à la fois la cause et le résultat de la violence extrême qui règne dans ces pays qui connaissent les niveaux les plus élevés d’homicide et de violence de genre dans le monde.

Quand les migrants fuient ces conditions de vie ils font face à de graves menaces au cours de leur trajet à travers le Mexique : la violence de groupes criminels et la corruption des institutions de l’État expliquent que les migrants soient victimes d’enlèvement, d’extorsion, de trafic, de la part de groupes du crime organisé ainsi que de nombreuses violations de leurs droits humains. Ces cas de violences quotidiennes sont révélés par la découverte de massacres, de charniers clandestins, de la disparition de milliers de migrants et même de mexicains.

La violence sur la route des migrations empire en raison de l’invisibilité factuelle et politique dont elle est l’objet. Pour cette raison, les recherches, les plaintes en justice, et les manifestations des mères de migrants disparus sont fondamentales car elles jettent la lumière sur cette crise. Les risques que suppose la traversée du Mexique ont augmenté ces dernières années à partir du jour où le gouvernement mexicain, sous la pression des États-Unis, a tenté d’empêcher que le flux migratoire atteigne la frontière nord en militarisant le territoire national. Ces tactiques de chasse à l’homme, de détentions, et de déportation, qui s’ajoutent aux menaces des autorités corrompues et complices de groupes criminels, ont accru la vulnérabilité des migrants en transit. La situation est la même quand il s’agit de migrants mexicains disparus ; le niveau d’impunité est absolu dans le cas d’abus et de disparitions au Mexique. L’absence de volonté politique et la corruption des autorités locales met les familles des migrants disparus dans l’obligation d’assumer eux-mêmes la difficile tâche de recherche et d’exigence de justice.

Dans le monde entier des femmes luttent contre le système patriarcal, contre les abus intrafamiliaux, et les violences au sein des communautés ; elles s’opposent aux guerres et dénoncent toutes les formes d’injustice. L’exigence de justice pour les disparus mexicains et centraméricains est l’œuvre des mères et des épouses qui se sont unies en comités de familles et représentent déjà une force politique.

La Caravane des mères d’Amérique centrale rejoindra le collectif des mères et des familles de mexicains disparus pour tisser et renforcer la solidarité politique entre les femmes mexicaines et centraméricaines qui exigent informations, justice et fin de l’impunité. La Caravane est l’occasion de mettre en lumière les conséquences des politiques anti-migratoires, de donner une visibilité à la douleur des mères et faire prendre conscience de ce qu’elles sont des personnes aussi importantes que les autres, qui ont des familles qui les aiment et dont elles dépendent.

Sur leur trajet à travers les États et les communautés mexicaines frappées par la violence et le manque d’opportunités économiques, la Caravane des mères dénoncera ces violences et ces répressions qui touchent autant les populations en migration que les Mexicains. Les mères suivront des pistes sur les lieux où sont passés leurs filles et leurs fils, qui les mèneront à travers tout le Mexique dans l’espoir de retrouver les êtres qui leur sont chers. En chemin elles scelleront des liens de fraternité contre l’injustice avec des mères et des familles mexicaines.

Nous invitons la communauté mexicaine à soutenir la Caravane et nous répétons que la présence des moyens de communication est toujours la garantie non seulement de faire connaître le travail de la caravane et les causes qu’elle soutient mais aussi d’assurer, par leur présence, la visibilité de notre action, de faire pression sur les autorités, d’empêcher que ne tombe dans l’oubli l’ampleur du problème. Ils sont aussi une aide précieuse pour la localisation des personnes recherchées par leurs familles. Pour cette raison nous lançons un appel aux agences de presses, aux correspondants, aux reporters, des médias nationaux et internationaux et aux grands groupes de communication pour qu’ils couvrent largement les actions que les mères entreprennent en formant cette caravane de dénonciation, de recherche de leurs enfants dont elles ont eu des nouvelles pour la dernière fois d’un certain coin du territoire mexicain.

Accompagnez-nous !

#4MilKilometrosDeBusqueda [#4 000 kilomètres de recherche]
#4MilKilómetrosDeResistencia [#4 000 kilomètres de résistance]
#4MilKilómetrosDeEsperanza [#4 000 kilomètres d’espérance]

Contacts

- Rubén Figueroa ruben_migrante@hotmail.com (+52) 554 505 6658
- Marta Sánchez Soler mafesaja@aol.com (+52) 555 435 2637
- José Jacques y Medina osiec@aol.com (+52) 554 346 1368.

Movimiento Migrante Mesoamericano


Traduction française de Françoise Couëdel.

Source (espagnol) : https://movimientomigrantemesoamericano.org/2017/11/27/comunicado-caravana-de-madres-de-migrantes-desaparecidos-2017/

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